LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN (1935)

L'histoire

 

La créature de Frankenstein a survécu à l'incendie du moulin (voir Frankenstein). Capturée par les villageois, elle réussit à s'échapper et trouve asile chez un vieil ermite aveugle avant d'être secourue par le savant Pretorius. Celui-ci propose au docteur Frankenstein de reprendre ses travaux et de créer une créature femelle assemblée de la même manière et qui deviendrait la " fiancée " de la créature...


L'AVIS DE SF-STORY *****

 La fiancée de Frankenstein est la suite du film de James Whale " Frankenstein "(1931) réalisée avec quasiment la même équipe. Cette suite, contrairement à beaucoup, est supérieure au premier film : la poésie, l'aspect artistique l'emporte sur la schématique du scénario. La créature est plus " sensible " et ses rencontres influencent son comportement : l'ermite chez qui elle trouve hospice, la rencontre finale avec sa " fiancée " Elsa Lancaster restent des scènes d'anthologie du cinéma fantastique même 70 ans plus tard!

 

Cédant enfin aux directeurs de l'Universal, James Whale accepta de tourner une suite (rappelons que "séquelle" n'est Français que dans son sens médical…) à son Frankenstein (1931) à succès. Mais il décida de profiter de sa renommée croissante pour changer de ton : La Fiancée de Frankenstein serait une auto-parodie…

 

Whale fait par ailleurs preuve d'humour comme dans la scène où le Monstre s'introduit auprès d'Elizabeth, après que Frankenstein l'ait enfermée "par précaution" et de poésie… Il ne tue jamais par cruauté, mais seulement en réaction à celle des autres.

 

 

On peut se demander à quoi s'attendaient les producteurs lorsqu'ils mirent des moyens à sa disposition : le film est bien plus travaillé que celui de 1931, les travellings abondent, la demeure de Frankenstein est bourrée d'angles bizarres et de voûtes suspectes, les autres décors et les costumes sont rutilants, les effets spéciaux sont bluffants… Et le film touche au génie.

 

Pour l'histoire, le film débute par une évocation de l'été 1816, lorsque Byron, Polidori et le couple Shelley se trouvèrent ensemble en Suisse, et décidèrent d'écrire chacun une histoire de monstre. Il en résulta Frankenstein et les vampires tels que nous les connaissons, romantiques, ambigus, etc: un été productif! Byron est campe par un acteur truculent, qui lance le ton. Mary Shelley, "un ange" d'après lui, révèle que son histoire, racontée en 1931, ne s'achève pas à l'incendie du moulin… car le Monstre n'est pas mort… 

 

 

A Byron fait aussitôt écho Minnie, servante des Frankenstein, qui vient émettre ses persiflages au premier plan environ une fois toutes les cinq minutes par la suite; elle voit le monstre émerger des ruines fumantes, mais personne ne la croit…

Et au moment où elle rentre au manoir Frankenstein, un étrange personnage se présente: "le Docteur… Pretoriussssssssss!". Il ne désire rien moins que l'aide de Frankenstein pour une nouvelle créature; le baron veut le renvoyer: "Non, je refuse de créer un nouvel homme! - Ce ne sera pas un homme… mais une femme!". Et il lui montre sa collection d'homoncules, qu'il a lui-même fait "pousser" - un trucage étonnamment réussi pour l'époque! Autre séquence mémorable, celle où Elsa Lanchester et sa coiffure "électrique" devenue célèbre découvre la laideur de son prétendant.

 

Ajoutons à cela un formidable trio d'acteurs, le terrifiant mais attachant Boris Karloff (le Monstre), le froid et cynique Ernest Thesiger (Dr. Pretorius), et la belle Elsa Lanchester (Mary Shelley / la fiancée du monstre) qui font du film,  un classique du film de monstre.

 

HORS-CHAMP*

Les experts en effets spéciaux John P. Fulton et David S. Horsley ont passé deux jours à photographier les êtres miniatures du Dr Pretorius. Les acteurs ont été placés dans des cloches à leur taille taille sur un velours noir. Ces plans ont été méticuleusement alignés pour les faire correspondre à des plans où Ernest Thesiger, Colin Clive et le décor intérieur étaient filmés.

 

À la suite des réactions des spectateurs-tests lors des projections avant la sortie du film en aril 1935, le film a été remonté en profondeur. De nombreuses scènes ont été supprimées ou coupées, et au moins une, la scène où le monstre trébuche dans le camp de gitans, a été ajoutée. À la suite de cette nouvelle version, le film initial était d'environ 15 minutes de plus que sa durée de sortie officielle de 75 minutes. 

 

Un détail bizarre : l'actrice qui joue la "fiancée" du monstre n'est autre que celle qui faisait Mary Shelley lors du Prologue; on a pu y voir une sorte de symbolisation du désir éprouvé par la romancière à l'égard d'un "mâle" viril et puissant… Je n'y crois guère, malgré une interprétation possible de tout l'appareillage placé dans la tour (la structure métallique qui soulève la créature au sommet de la tour, où elle prend son coup de foudre (litt. et fig.), puis la redescend… c'est phallique, sur les bords, non?), mais il est amusant de constater que Mel Brooks, dans Frankenstein Junior (1974), s'en est souvenu.

 

 

La bande-son musicale de ce film a été si populaire qu'elle a été reprise dans les feuilletons de Flash Gordon et Buck Rogers avec Buster Crabbe.

 

 

ACTEURS ET REALISATEUR

Boris Karloff (1887-1969) connaît la célébrité avec son rôle de la créature de Frankenstein. De son vrai nom, William Henry Pratt, il est spécialisé dans les rôles de méchants et a joué de petits rôles dans environ 70 films. Il donne une dimension poétique et humaniste à la créature qu'il rend victime et irresponsable de ses actes.

 

Quelques années plus tard; il déclarera : " Le Monstre de Frankenstein était une créature muette, rejetée, tragique, mais je lui dois tout. C'est mon meilleur ami ". Sa figure emblématique est liée à l'un des thèmes cher au cinéma fantastique : le savant fou dont les découvertes non maîtrisées dépassent le créateur comme dans " Le rayon invisible " (1936) de Lambert Hillyer par exemple.

 

Lors du tournage de la scène où le monstre sort du moulin à vent, Boris Karloff a glissé et est tombé dans le puits rempli d'eau. Après avoir été aidé, on a découvert qu'il s'était fracturé la hanche un peu de temps auparavant. La hanche s'étant remise, Karloff a continua le tournage mais a continué à recevoir des massages et des traitements thermiques sur le reste du tournage du film. A noter aussi que le maquillage du monstre réalisé par Jack P. Pierce a quelque peu évolué pour refléter le fait qu'il avait survécu au moulin en feu à la fin de Frankenstein (1931) en y ajoutant quelques brûlures sur sa peau et une grande partie de ses cheveux...

 

Il a été payé 2500 $ par semaine, pour un total de 12.500 $, une somme importante au milieu des années 30 mais peut-être pas assez pour compenser le maquillage qui demandait 5 heures de pose et son lourd costume, exacerbant son arthrite déjà sévère à son age.

 

Marilyn Harris, qui a joué Maria, la fillette que le monstre tue accidentellement dans Frankenstein (1931), apparaît dans le film comme la chef du groupe de jeunes écolières qui rencontrent le monstre alors qu'il fuit la maison en feu de l'aveugle. Le réalisateur James Whale lui a délibérément donné un rôle avec un seul mot à prononcer afin qu'elle soit plus payée comme actrice que comme figurante. Elle dit "Regardez!

 

James Whale était tellement décidé à engager l'ermite aveugle par O.P. Heggie qu'il en ferma la production durant 15 jours du  19 février au 2 mars 1935 en attendant que Heggie finisse une production à la RKO.

realisateur

À l'origine, le réalisateur James Whale ne voulait pas faire une suite à Frankenstein (1931). Pendant un certain temps, Universal envisagea de produire une suite sans l'implication de Whale. Une version de l'histoire possible incluait un monstre éduqué poursuivant la recherche de Henry, tandis qu'un autre racontait la création d'un rayon de mort par Henry à la veille d'une guerre mondiale. Cependant, après 4 ans de harcèlement par Universal, Whale a accepté de faire le film.

 

Universal avait rapidement vu la potentiel de donner une suite à son premier Frankenstein, la production de cette suite de l'original Frankenstein (1931) avait été annoncée dès 1933 par les communiqués de presse d'Universal Studio et le journal «Daily Variety», mais le réalisateurJames Whale n'a pas commencé à travailler dessus jusqu'à la fin de 1934, suite à ses premiers refus. Avec un budget sous 300 000 $, le film était à l'origine intitulé "Le retour de Frankenstein".

© 1935 Universal & John Kobal Foundation© 2011 Getty Images / Hulton Archive


GENERIQUE

La fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein), 1935, James Whale, Etats-Unis.

Noir et Blanc. Son :  Mono (Noiseless Western Electric Recording)

Format d'image : 1.37

Réalisateur : James Whale

Durée : 1h15.

Productions :  Universal Pictures (A James Whale Production).

Producteur :  Carl Laemmle Jr..  

Directeur de la photographie : Jerome D.Mescall.

Direction artistiqueCharles D. Hall

Montage : Ted J.Kent.

Maquillage : Jack P. Pierce, Irma Kusely (coiffeuse de La Fiancée), Otto Lederer.

Costumes : Vera West.

Scénario :  John L. Balderston, William Hurlblut (adaptation), adapté de la pièce de Peggy Webling, d'après le roman de Mary Shelley.

Effets spéciaux : David S. Horsley, Ken Strickfaden (non-crédités au générique), John P. Fulton (effets photos),  Cleo E. Baker (miniatures), Jack Cosgrove (matte paintings), David S. Horsley (effets optiques), Russell Lawson (matte paintings), tous non-crédités.

Musique : Franz Waxman.

Interprètes : Boris Karloff (le Monstre), Colin Clive (Frankenstein), Valerie Hobson (Elizabeth), Ernest Thesiger (Dr. Pretorius), Elsa Lanchester (Mary Shelley / la fiancée du monstre), Una O'Connor (Minnie), O. P. Heggie (l'Ermite)… 

Sortie : 7 Juin 1935 (France), 19 Avril 1935 (Etats-Unis)



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*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).