PLANETE INTERDITE (1956)

L'histoire

A la fin du 21ème siècle, les hommes ont conquis la Lune, puis bon nombre de planètes. Ce bond dans l'espace est dû à la découverte de l'énergie quanto-gravitique, qui a ainsi ouvert la route des étoiles...

 

En 2257, le croiseur spatial C-57-D du commandant Adams se pose sur la planète Altaïr 4, pour secourir le Bellérophon, un vaisseau d'exploration, dont l'équipage n'a plus donné signe de vie depuis vingt ans.

 

 

A l'approche de la planète, le commandant Adams décide de passer outre aux avertissement d'une voix mystérieuse et atterrit. Un étonnant et inquiétant robot survient qui le conduit avec deux de ses officiers, à l'extraordinaire demeure du professeur Morbius. Celui-ci leur apprend que tous les membres de l'expédition sont morts horriblement, tués par un monstre invisible qui n'a épargné que lui et sa fille, la jolie Altaïra. Et il les incite de nouveau à quitter la planète interdite...


L'AVIS DE SF-STORY *****

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+  Les couleurs de l'Eastman Color, le format Cinemascope ! Un must du cinéma S-F.

+  Robby, le robot !

+  La qualité des effets spéciaux, la bande son !

-   Je vois rien...

 

 

Planète interdite reste cinquante ans après sa sortie l'un des chefs d'oeuvre de la science-fiction. Il se distingue des productions de la décennie des fifties par son esthétisme particulièrement cohérent et le soin apporté à tous les décors du film et aux nombreuses peintures sur verre (mate paintings grandioses).

 

La beauté des couleurs et le format Cinémascope utilisé participent beaucoup à cet enchantement visuel de tous les plans : la découverte de la planète avec ses ciels verts éclairée par deux soleils, les intérieurs de la soucoupe volante terrienne, le complexe souterrain de la civilisation des Krells sont encore aujourd'hui superbement réussis et peuvent être comparables à l'esthétisme de EFX actuels.

 

Même si certains dialogues, une intrigue amoureuse un peu niaise et des personnage stéréotypés peuvent sembler décalés, d'autres ressources du film comblent ces défauts inhérents au temps. D'abord le personnage de Robby, le robot, qui lui vaudra de nombreuses autres apparitions au vu du succès d'estime de ce film et ensuite dans l'ambition propos du scénario qui est une transposition S-F de "La tempête" de Shakespeare. Dans la pièce de l'auteur anglais, un vaisseau s'échoue sur une île habitée par Prospero et sa fille Miranda, qui n'a jamais vu d'homme, autre que son père, de sa vie. Ils sont assistés de Ariel, un serviteur acquis à leur cause. 

 

Le monstre invisible, responsable de la disparition de plusieurs membres du vaisseau, matérialise en fait les pensées refoulées des Krells, à l'origine de leur disparition mais on peut y voir également la volonté d'un père de refouler l'idée d'abandonner sa fille. Cette ambitieuse approche de thèmes dramaturgiques vaut au film tout le statut qu'il possède encore aujourd'hui. Un film S-F permettant une lecture à plusieurs niveaux, chose rare depuis le Metropolis de Lang en 1926, et divers essais plus ou moins réussis dans les années 50. Même si le propos reste assez puritain, les thèmes du dévellopement d'une créature par la pensée (repris dans les Chroniques Martiennes de Bradbury), des risques inhérents à produire trop rapidement la technologie par rapport au comportement humain, ou encore le thème du confrontement de civilisations sont traités de manière habile.

 

Par la qualité de ses effets spéciaux et son propos beaucoup plus adulte et ambitieux que les autres productions de l'époque, Planète interdite est un des films majeurs de la science-fiction au cinéma. Il en a tracé la voie jusqu'à la fin des années soixante et la sortie de 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick

HORS-CHAMP*

Le premier blockbuster de SF

 

Planète interdite est un film à marquer d'une pierre blanche dans la cinématographie SF : c'est la première fois qu'un projet de science-fiction avait reçu un budget aussi conséquent.

Le genre avait rarement été pris au sérieux par les cadres des studios, et les films de science-fiction recevaient généralement le plus maigre des budgets. Le succès critique du film a convaincu de nombreux acteurs de l'industrie cinématographique que des projets de science-fiction bien financés pouvaient être couronnés de succès.  Le film était doté d'un budget de 1900000 dollars et a rapporté 3250000 dollars en recettes cumulées mondiales.

 

Un monde sonore

 

Planète interdite est le premier film dont la musique a entièrement été réalisée avec des instruments électroniques.

Louis Barron et Bebe Barron ont traité la bande originale du film en tonalités musicales électroniques en seulement trois mois, le temps donné par Dore Schary, alors à la tête de la MGM. Il a autorisé le studio à leur envoyer une première version du film à Noël 1955, puis la version couleur en Eastmancolor au début de l'année 1956, soit une semaine plus tard, avec beaucoup de séquences d'effets visuelles manquantes mais chronométrées par le monteur Ferris Webster.

 

Durant le premier trimestre 1956, Les Barron ont travaillé sur la musique du film dans leur studio de Greenwich Village alors que le film était en post-production dans la ville de Culver City. La bande son a été livrée à la MGM le 1 avril, 1956, et le film a été présenté en avant-première peu de temps après. Une association de musiciens s'est opposé à cette bande originale peu commune et la mention " compositeurs " a dû être supprimée pour être remplacée par le terme " sonorités électroniques ". La musique apporte un atout indéniable à l'ensemble du film. Les deux compositeurs Bebe et Louis Barron ont été découvert par Dore Schary, un producteur, dans un night-club de Greenwich Village, à New-York, et ils ont été immédiatement engagés. 

 

Affiche

La célèbre affiche du film montre un robot menaçant portant une jolie fille en difficulté - un élément de base des affiches de «film de monstres» des années 1950. En fait, aucune scène de ce genre ne se produit dans le film lui-même et le robot représenté sur l'affiche est bien sûr en fait le très sympathique Robby the Robot.

 

Soucoupe volante

 

Le modèle de la soucoupe volante terrienne a été conservé par le département d'archivage de MGM et utilisé par la suite dans un certain nombre de productions du studios  dont dans le 89ème épisode de La quatrième dimension: Comment servir l'homme (To Serve Man) (1962). Robby le Robot, son transporteur au sol, et les uniformes des équipages seront également utilisés sur cette même série (1959). 

 

Une version censurée!

Quand le film a été réédité dans le cadre d'une diffusion lors de matinées scolaires à la fin des années 50, la scène où Jerry Farman contraint la naïve Altaira à l'embrasser a été coupée! 

 

Pour sa réédition en 1959 et afin d'obtenir la classification Visible par les moins de 16 ans, l'Australia Film Censorship Board a ordonné l'élimination de toutes les scènes où le monstre nucléaire apparaissait. La scène où ses empreintes de pas et la flexion des marches du vaisseau spatial est cependant restée visible. Sur d’autres scènes, seul le contour du monstre était évoqué....

Robby, le robot

 

Robby est un personnage à part entière du film. Il est constitué d'une coque d'une hauteur de 2m29 et d'un poids 45 kg qui permet à un acteur de jouer le rôle d'un robot, même si le mystère concernant la présence ou non d'un homme pour l'animer fut un temps entretenu.

 

Sa conception est attribuée à Robert Kinoshita et aurait coûté plus de 125000 dollars de l'époque en 1955. Pour le construire, il a fallu utiliser environ 800 m de câble électrique notamment pour alimenter tous les instruments factices contenus dans le tête de verre de Robby. Dans le processus de création, Kinoshita a réalisé des milliers de dessins conçus sur cinq semaines par une équipe de cinq hpersonnes. Avant de travailler dans le cinéma, Kinoshita avait conçu des machines à laver, alors que Robby avait un design anthropomorphe dans ses régions supérieures, sa poitrine et ses jambes ressemble à un baquet de machine à laver.

 

Il utilise l'«isotope 217» comme carburant, s'exprime dans de nombreuses langues, peut soulever des poids formidables et peut tout synthétise tout, tout aussi bien des pierres précieuses que des bouteilles de whisky. Il effectue des tâches domestiques telles que la cuisine et le nettoyage et surtout est programmé pour ne jamais porter préjudice à un être humain : une démonstration par l'exemple des trois lois de la robotique d'Asimov est donnée dans le film.

 

Lors de la sortie de Planète interdite en France, Robby eut même l'honneur de remonter les Champs-Élysées et d'être interviewer à la télévision par France Roche. Il faut dire qu'après Planète interdite, Robby plut tellement au public qu’il passa l'année suivante du rôle de personnage secondaire à celui de personnage principal, dans le rôle du compagnon de jeu d’un petit garçon dans Le Cerveau infernal (1957).

 

 

Robby le robot dans The Invisible Boy(1957) - Gremlins(1984) - Les Looney Tunes passent à l'action (2004)

 

Il sera vu dans de nombreuses séries télé (Perdus dans l'espace)ou films comme le Gremlins de Joe Dante en 1984. Ce même réalisateur lui fera un autre hommage clin d'oeil dans Les Looney Tunes passent à l'action (2004), dans de la séquence de la Zone 52.

 

En novembre 2017, Robby the Robot et son mobile de transport ont établi un record d'enchère pour un accessoire de film :il fut adjugé pour 5,37 millions de dollars!

 

 

Filmographie de Robby : Planète interdite (Fobidden planet) : Robby le robot (1956), Le Cerveau infernal (The Invisible Boy) : Robby (1957), Uchu Kaisoku-sen : un jouet (1961), One of Our Spies Is Missing : sa tête est visible (1966), un épisode TV de Columbo ("Au-delà de la folie" (Mind Over Mayhem) : MM7 (1974), Hollywood Boulevard : Robby (1976), Likely Stories, Vol. 3 à la télé : Maid (1983), Gremlins : Robot (1984), Objectif terrienne (Earth Girls Are Easy) : Robot (1988) et Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes: Back in Action) : Robert le Robot (en 2003).

EFX

 

 

En plus d'animer le monstre énergétique Joshua Meador, artiste des studios Walt Disney, a produit 29 autres effets d'animation tels que les faisceaux laser et d'autres formes d'énergie visuelle.

Pour la soucoupe volante, une maquette grandeur nature d'environ trois quarts du vaisseau a été construite pour suggérer sa pleine largeur de 51 mètres de diamètre. Le navire était entouré d'un immense "cyclorama" peint représentant le paysage désertique d'Altair IV : cet ensemble a pris tout l'espace disponible sur l'un des plateaux de tournage de Culver City.

Il faut dire que Planète Interdite est le premier film de SF qui se passe entièrement sur une planète étrangère et a donc nécessité de nombreux décors comportant beaucoup de fonds peints (matte paintings).

 

Réutilisation

Le film a été tourné sur le même plateau que celui du film Le magicien d'Oz (1939), soit 17 ans auparavant. L'ensemble du jardin d'Altaira est une réutilisation de l'ensemble du village des lilliputiens du film de 1939.

 

 

 

Précurseur de Star Trek

Gene Roddenberry, le créateur de Star Trek (1966),  a indiqué que ce film avait eu une inspiration majeure pour la série. 1701, qui est le numéro de série du vaisseau Entreprise, serait issu de l'horloge 17:01 lorsque le C57D entre en orbite autour d'Altair IV!

 

Remake

Au début des années 90, un remake a été annoncé à plusieurs reprises sous la direction d'Irvin Kershner de "L'empire contre-attaque", et avec Anthony Hopkins dans le rôle du Dr Morbius, mais le financement n'a jamais pu se réaliser.

 

Titre original

 

Le scénario original d'Irving Block et Allen Adler, écrit en 1952, s'appelait à l'origine "Fatal Planet". Le scénario plus tardif de Cyril Hume a rebaptisé le film Forbidden Planet, parce que l'auteur pensait que cela aurait un plus grand attrait au box-office.

Acteur 

 

L'acteur qui interprète de l'Ingénieur en chef Quinn, Richard Anderson, a tournée dans deux séries emblématiques des années 70 : L'homme qui valait trois milliards ("The Six Million Dollar Man")  et Super Jaimie ( "The Bionic Woman"), il y interprétait le rôle d'Oscar Goldman.

BANDEs-ANNONCEs

PHOTOS

AFFICHES

COLLECTORS

 

Voix-off d'intro du film :

"Au cours de la dernière décade du 21ème siècle, des hommes et des femmes à bord de vaisseaux-fusées se posèrent sur la lune. En 2200 après Jésus-Christ les humains avaient atteint les autres planètes de notre système solaire. Presque à la même époque eut lieu la découverte de l'hyper-énergie grâce à laquelle la vitesse de la lumière fut d'abord égalée, et ensuite largement dépassée. C'est ainsi que l'humanité entreprit enfin la conquête et la colonisation de l'espace interplanétaire."

 

Extrait des dialogues de Robby le robot :

«Si vous ne parlez pas anglais, je suis à votre disposition avec 187 autres langues, leurs divers dialectes et idiomes» 

 

Extrait de "La tempête" de Shakespeare

"O, merveille !

Combien de belles créatures vois-je ici réunies !

Que l'humanité est admirable !

O splendide Nouveau Monde

Qui compte de pareils habitants !"

Shakespeare, La Tempête, acte V, Scène 1


GENERIQUE

Planète interdite (Forbidden Planet), 1956, Fred McLeod Wilcox, Etats-Unis

Son : 4-pistes Stereo/Mono/Perspecta Stereo. Couleurs : Eastmancolor.

Format d'image : 2:55 (Cinemascope).

Réalisateur : Fred McLeod Wilcox.

Assistant réalisateur : George Rhein.

Durée : 1h38

Productions : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM).

Distribution : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM).

Producteur : Nicholas Nayfack.

Effets spéciaux : Robert Kinoshita (créateur de Robby, le robot), Joe Alves, Howard Fisher, Henri Hillinck (peintres de décors), A. Arnold Gillespie, Joshua Meador, Warren Newcombe, Irving G. Ries (effets spéciaux).

Décorateur plateau : Hugh Hunt et Edwin B. Willis.

Directeur de la photographie : George J. Folsey.

Montage : Ferris Webster.

Décorateurs de production : Irving Block et Mentor Huebner.

Direction artistique : Cedric Gibbons et Arthur Lonergan.

Maquillages : Sydney Guilaroff et William Tuttle. 

Costumes : Walter Plunkett (costumes masculins) et Helen Rose (costumes d'Anne Francis).

Scénario : Cyril Hume d'après une histoire d' Irving Block et Allen Adler inspirée de La Tempête de William Shakespeare.

Musique : Bebe et Louis Barron (sons électroniques).

Interprètes : Walter Pidgeon (Dr. Edward Morbius), Anne Francis (Altaira Morbius), Leslie Nielsen (Commandant John J. Adams), Warren Stevens (Lt. 'Doc' Ostrow), Jack Kelly (Lt. Jerry Farman), Richard Anderson (Ingénieur Quinn), Earl Holliman (James Dirocco, le cuisinier), Robby the Robot (lui-même), George Wallace (Bosun), Robert Dix (Grey), Jimmy Thompson (Youngerford), James Drury (Joe Strong), Harry Harvey Jr. (Randall), Roger McGee (Lindstrom), Peter Miller (Moran)...

Date de sortie USA : 15 Mars 1956.

Date de sortie française : 22 Aout 1956.

Budget : 1900000$

 

 



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