LA FORME DE L'EAU (2018)

L'histoire

 

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret,

Elisa mène une existence morne et solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette.

 

Sa vie bascule à jamais lorsque, elle et sa collègue Zelda, découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…


L'AVIS DE SF-STORY

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+ Magnifiques et fidèles décors des années 60.

+ Des personnages-parias dans une société ultra normée.

+ histoire d’amour originale et déconcertante entre Elisa Esposito et l’homme amphibien.

- Un film un peu long, quelques passages auraient pu être raccourcis.

- Le film annoncé comme étant un film de science-fiction n’est qu’en partie lié à ce thème puisqu’il se rattache plus à une histoire d’amour.

 

 

La forme de l’eau vous plonge au milieu des années 60, en pleine guerre froide à travers l’histoire d’une simple employée de ménage travaillant dans un centre gouvernemental de recherche.

 

Le film est en réalité axé sur des personnages-parias d’une société ultra codifiée et en plein cœur des trente glorieuses. Elisa (interprété par Sally Hawkins) est une femme muette, vivant seule, et travaillant sans rechigner tout en étant la plus discrète possible. Elle s’est liée d’amitié avec son voisin, Giles (interprété par Michel Derain), ex-salarié qui a quitté son travail pour se consacrer à la peinture et secrètement homosexuel dans une société américaine fermement chrétienne. Au travail, sa comparse est une femme de couleur noire, Octavia (interprétée par Zelda Delilah Fuller) très mal vue dans la société de l’époque dans laquelle la ségrégation raciale est très forte. Ainsi, ces trois personnages évoluent dans une société qui, au mieux les tolère mais tend quand bien même à les rejeter ce qui les rend néanmoins très attachant pour le spectateur. De plus, grâce une caméra qui se met simplement à leur hauteur, celle-ci nous donne l’impression de vivre auprès d’eux. 

 

Le film débute sur un contexte très scientifique dans lequel le spectateur initié à la science-fiction reconnaît les thèmes récurrents. Malgré cela, il se révèle surtout être une histoire d’amour, intensément poétique et originale entre un être mystérieux – mi-poisson, mi-homme – dont Elisa tombe amoureuse au fur et à mesure. L’intérêt principal du film réside à travers l’approche graduelle entre Elisa et cet homme-poisson, personnage mystérieux et surnaturel, qui, particulièrement violent et bestial devant les scientifiques, se révèle être doué d’une raison et d’une intelligence.

 

 

 

Encore, le colonel Strickland (interprété par Michael Shannon) est fort intéressant : c’est un bon père de famille (avec femme et enfants) et socialement épanoui (l’image-type de la classe-moyenne supérieure) mais tout à fait misogyne et raciste. Au travail, il se sent néanmoins mal dans sa peau par la frustration d’un pouvoir limité (puisqu’il est soumis à des ordres de ses supérieurs hiérarchiques auxquels il se soumet sans pour autant les exécuter) qu’il cherche à tout prix à rendre plus vaste. Opposant principal aux trois comparses, la violence dont il fait preuve pour arriver à ses fins est quelque peu hyperbolique ce qui lui confère un aspect caricatural dommageable pour un film d’une telle qualité.

 

 

Enfin, on relèvera l’intensité des scènes dans lesquelles Elisa et l’homme-poisson sont en face à face, et ce dans différentes situations (au laboratoire, dans la salle de bain, en train de diner, au moment des adieux) et qui donnent à ce film toute sa saveur

HORS-CHAMP*

« L’eau prend la forme de son contenant, mais malgré son apparente inertie,

il s’agit de la force la plus puissante et la plus malléable de l’univers.

N’est-ce pas également le cas de l’amour ?

Car quelle que soit la forme que prend l’objet de notre flamme – homme, femme ou créature -, l’amour s’y adapte. » déclare Guillermo Del Toro, le réalisateur, et explique ainsi le titre du film.

 

Avec La forme de l'eau, le réalisateur talentueux et reconnu entraîne le spectateur au cœur d’un  conte fantastique se déroulant sein d’un laboratoire gouvernemental secret, dans l’Amérique des sixties, en pleine guerre froide. Inspiré par les classiques des "Universal Monsters"  et du film noir, Del Toro créé une histoire d’amour inédite, entre désir, imagination et fantasme.

L'histoire débute sous l’eau pour évoluer en une implacable immersion, entraînant le public dans les années 60, un univers où l’on retrouve des

notions familières – le pouvoir, la colère, l’intolérance, mais aussi la solitude, la détermination et la passion – et d’autres moins familières… comme cette extraordinaire créature aquatique. Cette romance singulière

et inédite met en scène un mystérieux « atout » biologique voulu par le gouvernement américain, une femme de ménage muette et ses amis, des espions soviétiques et un vol très audacieux.

 

 

Arraché aux profondeurs, ce mystérieux être amphibie semble doté des qualités d’adaptation fondamentales de l’eau. Il est en effet capable d’adopter les contours du psychisme de chaque humain qu’il rencontre, reflétant tour à tour l’agressivité ou l’amour infini.

Dans cette histoire imaginée par Guillermo del Toro, les thèmes du bien et du mal, de l’innocence et de la malice, de l’historique et de l’éternel, et de la beauté et de la monstruosité s’entremêlent pour illustrer le fait que les ténèbres n’obscurciront jamais totalement la lumière. Le réalisateur déclare : « J’aime faire des films libérateurs qui nous aident à nous accepter tels

que nous sommes, et cette démarche me semble plus pertinente que jamais de nos jours. »

La volonté de Guillermo del Toro d’à la fois tourmenter et enchanter les spectateurs remonte à l’enfance. Il est né à Guadalajara au Mexique, et son imagination s’est nourrie dès l’enfance d’innombrables histoires de

fantômes, de films de monstres et de fables qui ont alimenté sa vie intérieure et son inventivité. Lorsqu’il a commencé à écrire et réaliser des films, toutes ces influences se sont entremêlées dans un style visuel singulièrement expressif, semblant plonger directement dans l’âme humaine. 

 

 La créature de l'eau 

 

Le rôle de la créature à mi-chemin entre l’homme, l’animal et le mythe est interprété par Doug Jones, qui lui donne vie grâce à un costume prosthétique et un formidable don pour l’expression physique. L’acteur a incarné plusieurs des créations de Guillermo del Toro : il a été l’inoubliable faune du Labyrinthe de Pan, Abe Sapien dans la série de films

Hellboy et un vampire dans la série de  The Strain. Mais comme Sally Hawkins, il n’avait jamais imaginé tenir le rôle principal d’une histoire d’amour.

 

Pour développer les mouvements de la créature, Doug Jones s’est servi d’une description que lui en a faite Guillermo del Toro. « Il m’a dit que la créature avait l’allure d’un toréador sexy et dangereux doublée de la fluidité du Surfeur d’argent ! »

 

Pour créer la créature Guillermo del Toro voulait quelque chose d’original. Il a donc placé la barre encore plus haut en matière de réalisme en créant un être d’une telle vraisemblance biologique qu’il serait capable de susciter

une passion dévorante chez une humaine.  Trois ans avant que ne débute le tournage du film sur les plateaux des studios de Toronto, Guillermo del Toro a engagé Guy Davis et Vincent Proce pour entamer la conception du laboratoire et du cylindre devant contenir l’eau et la créature.

L’année suivante, il engagea deux sculpteurs, David Meng et Dave Grasso, pour débuter le design de la créature aquatique dans son atelier chez Bleak House.

 

 

Le cinéaste tenait en effet tellement à ce que la créature soit réussie qu’il a lui-même financé sa mise au point et consacré des centaines de milliers de dollars à un processus qui a duré neuf mois. Il confie : « Je voulais que la créature ait l’air vraie mais il fallait aussi qu’elle soit belle, ce qui était plus facile à dire qu’à faire. J’étais conscient que cela prendrait du temps, c’est pourquoi je ne l’ai même pas inscrit au budget du film. C’est véritablement la créature dont la création m’a donné le plus de fil à retordre. »

 

Guillermo del Toro a rassemblé une équipe d’artistes reconnus pour leur capacité à donner vie à l’imaginaire. Parmi eux figurent Shane Mahan

de Legacy Effects, un expert de la conception de créature et superviseur des effets visuels primé pour son travail sur le super-héros Iron Man et sur Pacific Rim; et Mike Hill, un célèbre sculpteur spécialisé dans la création de miniatures ultra-réalistes inspirées des monstres des classiques de l’horreur, qui a pris part à des films tels que Wolfman, Apocalypto et Men In Back 3.   

 

 

L’équipe au grand complet a travaillé  pour mettre au point l’apparence de la créature : dessins, puis maquettes, et enfin le costume porté par Doug

Jones. La créature a directement été inspirée de la nature avec sa peau bioluminescente, ses yeux aux multiples membranes, ses lèvres épaisses et son apparence humanoïde élancée. "Pour ceux dont le métier consiste à imaginer de nouvelles formes de vie, créer quelque chose d’aussi original était irrésistible." déclare le réalisateur.

 

Mike Hill et Guillermo del Toro ont attentivement lu tout ce qu’ils ont pu trouver sur le monde marin. Avec sa membrane interne qui lui permet d’avaler sa nourriture en un temps record, la rascasse volante, un magnifique poisson exotique très coloré et très venimeux du Pacifique, a inspiré la manière dont mange la créature. Mike Hill a également puisé l’inspiration dans la nature pour la peau bioluminescente et translucide du personnage.  Le studio EFX Legacy est parti des maquettes en argile de Mike Hill pour créer une image numérique agrandie qui a ensuite été retravaillée pour rendre la musculature et les veines plus apparentes. Le résultat est un double numérique alliant le formidable jeu d’acteur de Doug Jones à la forme d’une créature imaginaire : le réel et l’irréel parfaitement synchronisés.

 

En noir et blanc

 

Le réalisateur et le chef opérateur avaient initialement envisagé de tourner le film en noir et blanc avant de changer d’avis – une décision à l’effet catalyseur, selon les deux hommes. Après avoir opté pour des tons monochromatiques à la place, ils ont méticuleusement travaillé l’éclairage et sa texture afin de créer une esthétique plus moderne mais désaturée, dominée par des tons aquatiques. Guillermo del Toro commente

: « Je tenais à ce que le film soit monochrome, la palette se compose donc principalement de bleus et de verts contrebalancés par de l’ambre. Le rouge

n’est utilisé que pour le sang et l’amour. »

 

L’éclairage quasi architectural du film est la pièce maîtresse du travail de Dan Laustsen. Le réalisateur déclare : « Dan est un génie de la lumière. Il a réussi à éclairer La forme de l'eau comme s’il s’agissait d’un film en noir et blanc des années 50 alors que nous avons utilisé la couleur. La lumière de ce film est très expressionniste et pleine d’ombres, ce qui donne un résultat que je trouve très élégant, dans l’esprit des grands classiques. » 

 

Guillermo Del Toro  scénariste des Simpsons!

 

C'est le réalisateur qui a créé le gag du canapé pour le générique du 24e épisode spécial Halloween de la série « Les Simpson » intitulé « Treehouse of Horror ». Diffusé en octobre 2013, l’épisode a été visionné plus de 29 millions de fois sur YouTube. 

 

Récompenses

 

La forme de l'eau a été Lauréat du Lion d'Or au Festival de Venise 2017, le film a également récolté 2 Golden Globes (ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale) ainsi que 13 nominations aux Oscars, avec pour récompenses l'oscar du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure musique pour Alexandre Desplat et meilleurs décors.

 

REALISATEUR

Guillermo Del Toro sur le tournage de La forme de l'eau
Guillermo Del Toro sur le tournage de La forme de l'eau

Guillermo del Toro

 

Guillermo del Toro est l’un des artistes les plus créatifs et les plus visionnaires de sa génération. On retrouve son style distinctif dans son travail de réalisateur, de scénariste, de producteur et de romancier.

Né à Guadalajara au Mexique, Guillermo del Toro s’est fait connaître dans le monde entier en 1993 grâce au film d’horreur surnaturel Cronos, une  coproduction américano-mexicaine qu’il a mise en scène d’après son propre scénario après avoir entamé sa carrière en tant que maquilleur d’effets spéciaux. Le film a été présenté en avant-première au Festival de Cannes 1993 où il a remporté le Mercedes-Benz Award. Il s’est aussi vu remettre plus de 20 prix internationaux, dont 8 Ariel Awards par la Mexican Academy of Film, notamment ceux du meilleur réalisateur et du meilleur

scénario, ainsi que le Golden Ariel.

Guillermo del Toro a ensuite coécrit et réalisé le thriller surnaturel L'échine du diable, qui, avec Cronos, a été cité sur plusieurs listes répertoriant les meilleurs films de genre de tous les temps.

En 2004, il a coécrit et mis en scène le film d’action fantastique Hellboy avec Ron Perlman dans le rôle titre.

 

 

Avec Alexandre Desplats le compositeur, tous deux oscarisés en 2018.
Avec Alexandre Desplats le compositeur, tous deux oscarisés en 2018.

 

Quatre ans plus tard, il a écrit et réalisé la suite à succès Hellboy II - Les légions d'or maudites.

Guillermo del Toro a été salué à l’international pour Le Labyrinthe de Pan, le drame fantastique qu’il a écrit, réalisé et produit en 2006. Le film a été nommé à six Oscars, notamment dans la catégorie meilleur scénario original et meilleur film étranger, et a remporté ceux de la meilleure direction artistique, de la meilleure photographie et du meilleur maquillage.

 

Au total, il a raflé plus de 40 récompenses internationales et a été cité parmi les meilleurs films de l’année par plus de 35 critiques. En 2013, le cinéaste a écrit, produit et mis en scène Pacific Rim, le film d’action et de science-fiction interprété par Charlie Hunnam et Idris Elba. Guillermo del Toro a réalisé et produit en 2015 Crimson Peak, un thriller surnaturel original qu’il a coécrit avec Matthew Robbins, qui est interprété par Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain et Charlie Hunnam. En tant que producteur, Guillermo del Toro compte à son actif près d’une quarantaine de projets. 

 

Il vient de produire Pacific Rim2, la suite de son film réalisée par Steven S. DeKnight

 

PHOTOS

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AFFICHES

EXTRAITS DU FILM


GENERIQUE

La forme de l'eau  (The shape of water), 2018,Guillermo del Toro, Etats-Unis.

Réalisateur : Guillermo del Toro

Durée : 2h03. Son : D-Cinema 48kHz 5.1. 

Format d'image : 1.85. Couleurs et Noir et Blanc (séquence de rêves)

Productions :  Bull Productions, Double Dare You (DDY), Fox Searchlight Pictures, TSG Entertainment.

Distribution : 20th Century Fox.

ProducteursJ. Miles Dale, Guillermo del Toro, Daniel Kraus (associé).

Scénario : Guillermo del Toro et Vanessa Taylor d'après une histoire de Guillermo del Toro.

Sociétés d'effets spéciaux Legacy Effects, Mr. X.

Directeur de la photographie : Dan Laustsen.

Montage : Sidney Wolinsky.

Directeur de production : Paul D. Austerberry.

Musique : Alexandre Desplat.

Direction artistique : Nigel Churcher.

Casting : Robin D. Cook.

Décorateur plateau : Jeffrey A. Melvin, Shane Vieau.

Costumes : Luis Sequeira.

Maquilleur créature : Mike Hill.

Interprètes : Sally Hawkins (Elisa Esposito), Michael Shannon (Richard Strickland), Richard Jenkins (Giles), Octavia Spencer (Zelda Fuller), Michael Stuhlbarg (Dr. Robert Hoffstetler), Doug Jones (L'homme amphibie), David Hewlett (Fleming), Nick Searcy (General Hoyt), Stewart Arnott (Bernard), Nigel Bennett (Mihalkov), Lauren Lee Smith (Elaine Strickland), Martin Roach (Brewster Fuller), Allegra Fulton (Yolanda), John Kapelos (Mr. Arzoumanian)...

Sortie États-Unis :  22 décembre 2017. 

Sortie française : 21 Février 2018.

 



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