LA BÊTE (2023)

L'histoire

Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s'en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l'envahit, le pressentiment qu'une catastrophe se prépare.


L'AVIS DE SF-STORY

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+  Mélodrame de science-fiction entre David Cronenberg et David Lynch, filmé comme un essai minimaliste de Godard. Un voyage émotionnel au long cours.

- Une oeuvre mystérieuse suffisamment fascinante ? 

HORS-CHAMP*

Une production retardée

 

Dès 2017, le réalisateur Bertrand Bonello a commencé à écrire le scénario en ayant en tête Gaspard Ulliel pour le rôle de Louis  et Léa Seydoux pour les rôles principaux, après avoir travaillé avec les deux acteurs sur le film Saint Laurent (2014). Le scénario, librement inspiré d'après d'une nouvelle, La Bête dans la jungle, publié en 1903 par Henry James, est écrit en collaboration avec des contributions de Guillaume Bréaud et Benjamin Charbit. En janvier 2021, le projet a été officiellement annoncé mais le tournage a été reporté en raison de la pandémie de COVID-19 et devait commencer en avril 2022.

 

Bertrand Bonello réalise entre-temps Coma (2022), qui met en scène Gaspar Ulliel dans son dernier film. L'acteur décède le 19 janvier 2022 suite d'un accident de ski. Le tournage de La Bête est de nouveau été retardé car l'acteur devait interpréter. En février 2022, le réalisateur déclare qu'il recasterait probablement le rôle de Louis avec un acteur non français. En mai 2022, l'acteur britannique George MacKay est choisi pour le rôle principal le tournage, il se perfectionne en diction française. Guslagie Malanda, vue dans le film Saint Omer réalisé par Alice Diop en 2002,  est également au casting, elle interprète Poupée Kelly...

 

Le tournage débute à Paris le 22 Aout 2022 : certaines scènes sont tournées à la Cité de Trévise dans le 9ème arrondissement parisien où l'ensemble architectural évoque les squares londoniens.

Les derniers plans sont filmés en Octobre ... Bertrand Bonello confiera dans un magazine que La Bête est le film dont il est « le plus fier aujourd'hui ».

Un choix cornélien

 

La bête est une quasi dystopie selon son réalisateur. Il souhaitait que le film "...se situe dans un futur assez proche pour que le spectateur le trouve imaginable, qu'il touche presque du doigt et qu'il puisse s'y projeter.

L'histoire se situe en 2044, à une époque où l’Intelligence Artificielle a réglé tous les problèmes de l’humanité en prenant le pouvoir, une femme intelligente doit faire un choix entre trouver un travail intéressant ou garder ses affects. Et donc possiblement vivre l’amour dont elle rêve.

Pour se débarrasser de ses affects, elle doit replonger dans ses vies antérieures pour nettoyer les traumatismes anciens qui contaminent son inconscient. Et elle va se confronter à une histoire d’amour qui traverse les vies et les époques, ce qui va évidemment la perturber dans son choix. Le travail ou les affects…

 

Pour Bertrand Bonello, " C’est un dilemme atroce, vers lequel nous nous dirigeons peut-être, dans une société de plus en plus contrôlée, et dont l’absence grandissante de rapport au secret rime avec absence de liberté, mais qui m’a permis de développer un récit et une réflexion sur une histoire des sentiments.

Le présent du film étant devenu quasi invivable malgré – ou à cause de - l’absence de problèmes, le passé devient le refuge."

La peur de l'IA

 

La prépondérance de l'intelligence Artificielle et la peur liée à son développement sont des sujets devenus très prégnants à l'époque actuelle : le tout récent film Le Monde après nous de Sam Esmail en focalisait tous les dangers, l'éthique, la morale et le basculement du monde qui pourrai en découler.

 

Le réalisateur pense d'ailleurs que 2044 est une date déjà trop lointaine, il cite  le professeur Geoffrey Hinton, un pionnier de l’IA, qui dit regretter son invention et avoir créé un monstre : « Les futures versions de cette technologie pourraient être un risque pour l’humanité ». Bertrand Bonello poursuit : "La catastrophe, c’est qu’il n’y a plus de catastrophe. C’est un mouvement vers la disparition de l’individu et de la singularité. Si on fait disparaître la peur, on fait aussi disparaitre la sensation d’être vivant. Alors oui, il y a une froideur et une solitude dans le film en 2044, mais qui m’apparaît malheureusement au plus proche du réel."

Pas de futurisme extravagant

 

Bertrand Bonello réalise pour la première fois un film de science-fiction et il avoue ne pas être ni en spectateur ou en lecteur un spécialiste du genre. Il déclare à ce sujet : "Je voulais visuellement éviter les deux voies majeures, qui sont soit un ultra-technologisme, qui peut impressionner mais qui est souvent voué à se périmer, soit une vision post-apocalyptique où tout n’est que ruines.

J’ai préféré procéder par soustraction, en enlevant des choses. En effaçant des parties des décors, en vidant la ville, en changeant l’univers sonore plus que l’architecture, en mettant des animaux dans Paris, en enlevant les réseaux sociaux ou internet. En rendant les rapports entre les gens plus désincarnés que virtuels. Il n’y a aucun futurisme extravagant. L’évolution du monde est beaucoup plus comportementale et idéologique. C’est un monde rempli d’une nouvelle sérénité, apaisante en apparence, mais terrifiante dans le fond."

Un long voyage émotionnel

 

Le film est un vrai voyage et pas uniquement temporel, c'est aussi un voyage mental, physique, émotionnel, sensoriel de 2h25. Le réalisateur pense qu'il faut "...du temps pour les voyages. Sinon, on ne voit rien, on ne ressent rien. Il s’agit certes d’un seul film, mais qui contient trois univers. Il faut les installer, comprendre leurs ambiances, introduire les personnages, les situations. Il faut prendre le temps pour la scène du bal, expliquer les conventions.

Et puis, j’ai l’impression que le rapport à la durée des films a vraiment changé. A une époque où le cinéma en salle est malmené,

il faut créer un désir de la salle et donc un désir de l’expérience. C’est aussi ce que j’ai essayé de faire."

QR code final

 

Le film débute par une scène sur fond vert où le réalisateur dirige son actrice principale Léa Seydoux et se clôt par un générique pour le moins original : un QR Code que le spectateur est invité à scanner. Intérrogé sur ces deux moments, le réalisateur s'explique : 

"Il me semblait qu’avec un tel prologue, 1910 résonnerait différemment. Ce prologue contamine le début du film. Ce début est aussi une manière très simple de dire : le sujet de mon film, c’est elle.

Quant au QR Code, il est très cohérent avec le film. En général, un générique est un moment d’émotion, avec de la musique, les noms qui défilent, les spectateurs qui se lèvent les uns après les autres

et s’apprêtent à retrouver la lumière du dehors. Ici nous sommes dans un monde où les affects ont été bannis, il est donc logique qu’ils le soient aussi du générique. Seule Gabrielle est encore capable de ressentir. Ça la rend encore plus seule, je trouve.

Deux bêtes dans la jungle

 

La Bête est l'une des deux adaptations cinématographiques françaises de la nouvelle "La bête dans la jungle" de Henry James. L'autre est La bête dans la jungle de Patric Chiha (2023) avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier et Béatrice Dalle, sorti sur les écrans le 16 Aout 2023.

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PHOTOS

Photos Copyright Carole Bethuel © 2023

AFFICHES


GENERIQUE

La Bête (The Beast), Bertrand Bonello, 2023, France/Canada.

Son : Color. Format d'image : 1.85

Réalisateur : Bertrand BonelloDurée : 2h26.

Productions 

Distribution France : .

Producteurs : Bertrand Bonello, Justin Taurand.

Co-producteur : Xavier Dolan, Nancy Grant, Alexandre Mattiussi.

Producteur exécutif : Olivier Gauriat.

Producteur délégué : Tatiana Bouchain, Ron Eli Cohen.

Scénario : Bertrand Bonello, Guillaume Bréaud, Benjamin Charbit d'après la nouvelle "La Bête dans la jungle" d'Henry James.

Effets spéciaux (sociétés)

Directeur de la photographie : Josée Deshaies.

Montage : Anita Roth.

Chef décorateur : 

Direction artistique : Katia Wyszkop.

Décorateur plateau

Musique : Anna Bonello, Bertrand Bonello.

Costumes : Pauline Jacquard.

Casting : Carmen Cuba, Sarah Teper.

Interprètes : Léa Seydoux (Gabrielle), George MacKay (Louis), Guslagie Malanda (Poupée Kelly), Dasha Nekrasova (Dakota), Martin Scali (Georges), Elina Löwensohn Elina Löwensohn (Marta Hoskins), Julia Faure (Sophie), Kester Lovelace (Tom), Felicien Pinot (Augustin), Laurent Lacotte (L'architecte)...

Date de sortie française : 7 Février 2024.

Budget estimé : NC.



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