VINCENT DOIT MOURIR (2023)

L'histoire

Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.


L'AVIS DE SF-STORY****

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+  La violence de notre société mise en lumière, une histoire d'amour pour seule issue, un vrai cinéma de genre français assumé et abouti, une réussite.

 

 

Le réalisateur Stéphan Castang nous offre une vrai vision du cinéma de genre à la française, un thriller survivaliste paranoïaque virant vers la comédie romantique. La mise en exergue de la violence gratuite, provoquée par un simple regard croisé dans la rue peut engendrer un enchainement terrifiant. Le film est intense, dérangeant et monte en pression au fil du road movie survivaliste de Vincent (Karim Leklou impressionnant dans la progression du héros pré-apocalyptique) et qui ne trouvera le salut que grâce à des marginaux et une serveuse naufragée (Vimala Pons solaire). 

Avec Stéphan Castang, nous avons croisé le regard de notre John Carpenter français ! 

HORS-CHAMP*

Violence irrationnelle

 

Vincent doit mourir est le premier long métrage de l'auteur, cinéaste et comédien Stéphan Castang. Né en 1973, il a d'abord été comédien de théâtre puis comme cinéaste il a écrit et réalisé plusieurs courts métrages dont Jeunesses françaises (2011), Panthéon Discount (2016), et Finale (2020), présent sur l'édition Blu-Ray du film. Le tournage du film, à la fois un thriller paranoïaque et une comédie romantique (!), s'est déroulé durant 8 semaines à partir du mois de Septembre 2022, dans l'ordre chronologique du film. 

La violence de nos sociétés est au cœur du film, le réalisateur explique son intention et celle du scénariste Mathieu Naert : "Vincent doit mourir parle d’une société qui devient de plus en plus violente et le film montre ça comme une contamination, quelque chose d’aveugle qui vient frapper au hasard.. le film ne traite que de la violence... ce n’est pas tant la violence qui est extraordinaire, c’est le fait qu’on ne se foute pas tous sur la gueule qui tient du miracle. Si on prend la séquence actuelle en Occident on peut avoir l’impression d’un temps de paix immuable mais c’est une totale illusion qui est en train de nous rattraper un peu, y compris en remettant en cause l’exemplarité de nos démocraties. L’incroyable c’est d’arriver encore à vivre ensemble. Le film raconte surtout ça… Ainsi que notre indifférence à cette violence, ou notre capacité à en détourner le regard. à ne pas voir". 

Une violence du quotidien

 

La violence va apparaître dans le quotidien de Vincent, interprété par Karim Leklou. Selon le réalisateur Stéphan Castang : "Vincent est un personnage banal, ni sympathique ni antipathique... Pourtant du jour au lendemain il subit une multitude d’agressions de la part d’inconnus ou de gens familiers du stagiaire au facteur, on cherche à le tuer au premier regard sans aucune raison apparente. Pourquoi une telle violence irrationnelle envers lui ?

Le film ne donne pas d'explications rationnelles mais montre les questionnements de Vincent "Et rapidement, pour Vincent, la question «Pourquoi on cherche à me tuer?» va laisser place à une autre plus cruciale : «Combien de temps il me reste?» Et 

c’est à travers cette nouvelle question, et dans une forme de survie, qu’il trouvera du sens."

 

Le réalisateur souhaitait que la violence sorte d'un univers ordinaire et recherchait avant tout le réalisme. Pour lui, "...la violence est d’autant plus déroutante lorsqu’elle est portée par quelqu’un qui ressemble à votre voisin. Elle emporte tout le monde, de la grand-mère aux enfants. Ce sont des corps presque tabous, que l’on ne veut pas voir se battre à l’écran. C’est pourquoi il ne fallait pas des chorégraphies magistrales mais des

combats maladroits, gauches, secs. Je ne voulais pas que la violence soit trop stylisée ou virile. Nous avons fait très attention avec Manuel Dacosse, le chef-opérateur, à ne jamais filmer la violence comme quelque chose de fun."

Film de genre

 

Vincent doit mourir est très original par sa tonalité car il mélange différents genres, film paranoïaque, survival, film burlesque, moments de comédie, déjà présent dans le scénario de scénario de Mathieu Naert. Le réalisateur déclare : "Je sentais qu’il fallait rester loyal avec les codes du genre, et qu’en même temps ce n’était pas vraiment un film de genre. Il fallait jouer avec ce mélange, trouver un juste équilibre

pour accorder ensemble les différents genres du film. Car chacune des tonalités découle directement des situations dans lesquelles se trouve Vincent et de la violence gratuite qui s’abat sur lui. À un moment elle produit naturellement de la paranoïa, à un autre un film d’enquête, à un autre encore un film d’action ou

de zombies. Et comme tous ces gens lambda ne savent pas se battre, les combats deviennent souvent maladroits et sales, à la frontière du burlesque. On ne peut pas parler véritablement de comédie. Je dirais qu’il y a une ironie qui parcourt l’ensemble

du film. Une ironie qui montre sans le surligner que cette violence, c’est aussi celle de notre société et de l’absurdité qu’elle peut créer. Ce que j’aime dans l’absurde c’est qu’il permet de rire des choses graves, sans déjouer le tragique des situations ni

rendre dérisoire le propos du film."

 

Références de cinéphile

 

Stéphan Castang cite de nombreuses références issues de ses goûts cinématographiques : le George A. Romero des débuts avec Martin (1977) ou The Crazies (2010) car pour lui : "Romero n’explique pas pourquoi les morts sortent de terre ou comment

de braves gens deviennent fous, c’est très vite éludé, l’important est de montrer comment les humains réagissent à ces situations."

Le réalisateur Luis Buñuel est aussi pour lui une autre référence : "...le film démarre comme un de ses films, c’est-à-dire par un personnage qui raconte un rêve. Et je tenais à ce que cette scène soit filmée comme un rêve : avec un très gros plan qui fait qu’on ne sait pas très bien où l’on se situe avant que le cadre ne s’élargisse dans ce drôle d’open space."

Mais pour lui la figure tutélaire c'est John Carpenter qu'il invoque notamment pour Invasion Los Angeles (1988) ! Selon lui c'est "le film où il explique que le capitalisme est le fruit d’une invasion extraterrestre. Son côté paranoïaque et sa dimension ironique était très inspirante et aussi parce que l’acteur principal est un catcheur, il y a également à l’œuvre dans ce film la question des combats et d’une certaine physicalité."

Pour le scénariste Mathieu Naert, ce sont deux autres films de Carpenter qui l'ont marqué : L’Antre de la folie (1994) et The Thing (1982).

Retour aux fondamentaux

 

Pour échapper à la violence, Vincent n'a plus qu'une seule issue : vivre en marge de la société. Les seules personnes avec qui Vincent pourra dialoguer sont un SDF et une serveuse marginale qui vit sur un bateau. Pour Stéphan Castang : "C’est un grand classique du cinéma de complot que de faire passer le salut par des personnages à la marge. C’est aussi une leçon de l’Histoire qui montre souvent que la résistance commence par des parias, par celles et ceux qui n’ont rien à perdre... Pour ce qui est du personnage de Margaux qui habite sur un bateau, c’est une

réalité! Il y a des gens qui n’ont pas assez d’argent et qui vivent sur des petits bateaux ou ailleurs, enfin là où ils peuvent… L’idée n’est pas de jouer sur le pittoresque social mais de montrer

que quand on est dans la merde, on continue de vivre. On vit même des histoires d’amour. On les vit d’autant plus dans un contexte compliqué où on s’en tient à l’essentiel. C’est aussi ce que va réaliser Vincent : en se trouvant subitement à la marge, il va retrouver ou peut-être découvrir ses fondamentaux."

 

Vincent récompensé

 

Tout le monde ne veut pas du mal à Vincent ! Après avoir été présenté à Cannes en 2023, le film a obtenu plusieurs récompenses : Meilleur acteur pour Karim Leklou et Meilleure premier long-métrage pour Stéphan Castang au Festival international du film de Catalogne de Sitges 2023, meilleur long-métrage fantastique européen au Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2023, prix du public au Champs-Élysées Film Festival 2023,  mention spéciale au Fantasia Film Festival 2023, Octopus d'or du meilleur film fantastique européen au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2023, Meilleur film étranger en coproduction au Magritte du cinéma 2024 !

BANDE-ANNONCES

PHOTOS

© Cappricci Films - Tous droits réservés

AFFICHES


GENERIQUE

Vincent doit mourirStéphan Castang, 2023, France.

Son : 5.1. Format d'image : 2.39

Réalisateur : Stéphan Castang. Durée 1h48.

Productions Capricci Films, Bobi Lux, en co-production avec Gapbusters, Arte France Cinéma, Auvergne Rhône-Alpes Cinéma, Radio Télévision Belge Francophone (RTBF),  VOO, BE TV, Proximus,  et la participation de Canal+, Ciné+, et le support du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), Eurimages, Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Région des Pays-de-la-Loire, Fondation GAN pour le Cinéma, Arte Cofinova 19, en association avec Cinéventure 6,  Taxshelter. be et la SACEM.

Distribution France : Capricci Films.

Producteurs : Claire Bonnefoy, Thierry Lounas.

Co-producteursOlivier Père, Jean-Yves Roubin, Joseph Rouschop.

Producteurs associés : Philippe Logie, Vincent Maraval, 

Scénario : Mathieu Naert d'après une adaptation et des dialogues de Mathieu Naert, Dominique Baumard, Stéphan Castang.

Effets spéciaux (sociétés) : Benuts, Black Cog.

Directeur de la photographie :  Manuel Dacosse.

Montage : Méloé Poillevé.

Direction artistique : Samuel Charbonnot.

Musique : John Kaced.

Costumes : Charlotte Richard.

Interprètes :  Karim Leklou (Vincent Borel), Vimala Pons (Margaux Lamy), François Chattot (Jean-Pierre Borel), Jean-Rémi Chaize (Alex le DRH), Ulysse Genevrey (Hugo Monnier le stagiaire), Karoline Rose Sun (Audrey), Emmanuel Vérité (Yves), Sébastien Chabane (Lionel le collègue), Benoît Lambert (Le policier), Léna Dia (La jeune fille du bar), Pierre Maillet (Le psychiatre), Michaël Perez (Joachim DB), Anne-Gaëlle Jourdain (Marie), Guillaume Bursztyn (Le facteur), Maurin Olles (Raph), Mikael Foisset (Le SDF), Jean-Christophe Folly (Lucas), Brigitte Margerie (La chauffeuse de taxi), Léa Thia Tue King Yn (Petite fille palier), Théo Thia Tue King Yn (Petit garçon palier), Maroussia Frolin (La mère des enfants), Thierry Thia (Le père des enfants), Sasha Tournaire (Jeanne), Thomas Poulard (Voisin Vincent 1), Patrice Guillain (Gendarme barrage)...

Date de sortie française : 15 Novembre 2023.

Budget estimé :



PLUS SUR VINCENT DOIT MOURIR

BOUTIQUE SF-STORY EN PARTENARIAT AVEC

LE BLU-RAY DU FILM 

Détails de l'éditions Blu-Ray Capricci parue le 19 Mars 2024 en boîtier cartonné 1 seul volet, 1 disque mais au contenu exhaustif :

- le Blu-ray du film (108') et plus de 2h15 de suppléments : 

- Finale (2020) : court métrage de Stéphan Castang (26'20")

- Entretien avec le réalisateur Stéphan Castang (29'39") : interview passionnante sur le processus de création d'un réalisateur ayant une forte expérience théâtrale,

- Rencontre avec Vimala Pons et Karim Leklou (26'29") : les deux acteurs solaires du film s'expriment sur le tournage et la relation avec Stéphan Castang,

- Commentaire audio du réalisateur (108') : le réalisateur livre des anecdotes sur les scènes clés du film et les techniques de tournage, et le travail du directeur de la photo Manuel Dacosse.

- La musique du film vue par son compositeur John Kaced et Stéphane Castang (25'20") : retour sur le rôle crucial de la musique de John Kaced, inspiré du concerto pour piano et cordes de Chostakovitch et de musiques de John Carpenter! 

- Extraits du storyboard de Giuseppe Liotti (12'13")

 

Contenu de l'édition DVD :

- Courts métrages inédits de Stéphan Castang : Finale (2020), Panthéon Discount (2016)

- Entretien avec le réalisateur

- Rencontre avec les acteurs Vimala Pons et Karim Leklou

- La musique du film vue par son compositeur John Kaced.


CONNECTE AVEC


COMMENTAIRES

Note : veuillez remplir les champs marqués d'un *.

*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).