SIMULANT (2023)

L'histoire

Après la mort de son mari Evan, Faye tente d’apaiser son chagrin en faisant appel à un Simulant, un androïde reproduisant fidèlement son apparence et sa personnalité. Mais malgré cette ressemblance troublante, elle reste incapable de retrouver les émotions qu’elle éprouvait autrefois. De son côté, le SIM, animé d’un désir grandissant de reconnaissance et d’amour, refuse d’abandonner l’idée de raviver leur lien perdu…


L'AVIS DE SF-STORY***

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+  Malgré des moyens limités, Simulant réussit à instaurer une atmosphère mélancolique, portée par de solides interprétations (notamment Robbie Amell et Simu Liu) et une mise en scène sobre et élégante d’April Mullen.

- Le film peine par moments à se distinguer dans un genre déjà très exploré (Her, Ex Machina, Blade Runner)

Simulant – L’humanité augmentée

 

Dans la lignée de Her de Spike Jonze, d’Ex Machina d’Alex Garland ou du plus méconnu Archive de Gavin Rothery, Simulant s’inscrit dans cette veine de science-fiction introspective où l’émotion prime sur le spectaculaire. Mais là où ses modèles américains ou britanniques s’interrogent sur la création de la conscience artificielle, le film d’April Mullen choisit une approche plus modeste, plus humaine, presque artisanale — et c’est précisément ce qui fait sa force.

Tourné au Canada, Simulant livre une réalisation sobre et classieuse. Mullen privilégie les silences, les visages et la tension contenue à toute démonstration d’effets spéciaux. Son futur est crédible, discret, sans clinquant : un monde où l’IA s’est fondue dans le quotidien, presque banale, mais toujours inquiétante (le robot ménager).

Dans ce décor feutré, Robbie Amell livre une performance nuancée, à la frontière entre la froideur mécanique et l’éveil de l’émotion. Son Evan, simulacre d’homme en quête de sens, trouve un parfait contrepoint en Jordana Brewster, bouleversante de retenue dans le rôle de Faye, tiraillée entre la mémoire du passé et la peur d’aimer à nouveau. Sam Worthington, quant à lui, incarne avec une sobriété bienvenue l’agent Kessler, gardien d’un ordre moral et technologique prêt à s’effondrer.

Le film réserve quelques scènes particulièrement réussies, notamment celle du marché, où les androïdes sont figés par un pistolet électromagnétique — moment où le temps semble suspendu. Les rebondissements de la fin du film redonnent un souffle inattendu à l’intrigue, prolongeant la réflexion sur la frontière entre l’humain et la machine, sans chercher à donner de réponses toutes faites.

Simulant n’a ni le budget ni la prétention d’un blockbuster hollywoodien, mais il possède une âme : celle d’un film de SF canadien, sincère, intelligent et sensible, qui préfère l’intimité des émotions à la surenchère technologique. Un petit film de science-fiction à taille humaine, à la fois mélancolique et lucide, qui rappelle que la plus grande énigme à résoudre ne réside pas dans les circuits imprimés… mais dans le cœur de ceux qui les programment.

HORS-CHAMP*

Copier/coller

 

Après la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Faye (Jordana Brewster) décide d’activer un Simulant, une copie androïde d’Evan (Robbie Amell), recréée à partir de ses souvenirs et de sa personnalité. Mais malgré la perfection de cette imitation, Faye demeure incapable de ressentir l’amour qu’elle portait autrefois à l’homme qu’il était. Incapable également de se résoudre à le désactiver, elle sollicite l’aide de Casey (Simu Liu), un programmeur de génie qui opère en marge de la loi. Ce dernier, fasciné par la conscience naissante des androïdes, aide Evan à se libérer de ses limites et à développer une humanité propre. Désormais éveillé et déterminé à reconquérir le cœur de Faye, Evan devient la cible de Kessler (Sam Worthington), un agent gouvernemental chargé de traquer et d’éliminer les Simulants considérés comme trop conscients…

Simulant explore avec sensibilité les enjeux liés à l’intelligence artificielle humanoïde et aux dérives éthiques de la robotique, en interrogeant la frontière fragile entre l’humain et la machine.

À la croisée du drame intime — marqué par la perte et le deuil — et du thriller technologique autour de la conscience et du contrôle, Simulant conjugue émotion et tension futuriste à la façon d'une enquête policière à la Blade Runner : les vues de la ville sont une référence assumée au film de Ridley Scott)

Son casting solide, réunissant plusieurs visages familiers de la science-fiction et de l’action, confère une crédibilité certaine à cet univers high-tech : Robbie Amell dans le rôle d’Evan, un Simulant androïde. Jordana Brewster dans le rôle de Faye, la veuve qui recourt à un Simulant. Simu Liu dans le rôle de Casey, hacker et 

Sam Worthington dans le rôle de Kessler, agent gouvernemental chargé de surveiller les Simulants.

Bien que réalisé avec un budget modeste, le film parvient à imposer une ambition visuelle et thématique rare dans la production SF canadienne récente.

Un casting de SF

 

L'acteur canadien Robbie Amell est souvent associé à la Science-Fiction et au fantastique, il s’est illustré dans plusieurs productions centrées sur la technologie, les clones ou les mondes virtuels. On a pu le voir dans Code 8 (2019) de Jeff Chan, film d’anticipation où des humains dotés de pouvoirs spéciaux sont marginalisés par la société. L'acteur  y joue un jeune homme contraint de commettre des crimes pour survivre. On le retrouve dans sa suite directe Code 8 : Partie II (2024) toujours de Jeff Chan, dans un registre encore plus sombre et politique.

Précédemment, les amateurs de SF, avaient pu le découvrir dans ARQ (2016), signé Tony Elliott, un thriller SF produit par Netflix, jouant sur les boucles temporelles et la survie dans un futur dystopique, ainsi que dans la série The Tomorrow People (2013-2014), un reboot SF de la série britannique, centré sur des humains évolués mais malheureusement annulée au bout d'une seule saison, à redécouvrir sur Prime Vidéo.

Autre série Prime Vidéo avec Robbie AmellUpload (2020), une comédie de science-fiction sur la vie après la mort numérique, où l'acteur incarne un homme dont la conscience est transférée dans un monde virtuel (série toujours en cours avec 4 saisons disponibles). 

Jordana Brewster est connue pour la saga Fast & Furious où elle incarne Mia Torreto, mais elle a aussi flirté avec la science-fiction et le fantastique, surtout à ses débuts. Elle était notamment à l'affiche de The Faculty (1998) de Robert Rodriguez, un film de science-fiction horrifique où des lycéens découvrent que leurs professeurs sont possédés par des aliens. Puis dans D.E.B.S. (2004), même si davantage orienté espionnage/comédie, le film comporte des éléments technologiques de SF dans son univers d’espionnes surentraînées. 

Pour l'acteur Simu Liu qui incarne ici l'ingénieur en robotique pronant la liberté des androïdes, il a été révélé dans Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux (2021), de Destin Daniel Cretton, bien qu’empreint de fantasy, le film incorpore des éléments technologiques et mythologiques typiques du genre SF de super-héros. On le retrouve en 2024 à l'affiche du film SF Atlas de Brad Peyton, produit par Netflix, où Jennifer Lopez affronte une IA défaillante ; Simu Liu y joue là aussi un androïde.  

Sam Worthington est presque indissociable du genre science-fiction depuis Avatar (2009) de James Cameron, avec son rôle emblématique de Jake Sully, soldat humain devenu Na’vi dans un corps hybride ! Puis dans sa suite Avatar : La Voie de l’eau (2022), poursuivant les aventures de Jake sur Pandora.  

Entre temps, il était à l'affiche de Terminator Renaissance / Terminator Salvation (2009) de McG, où il incarnait Marcus Wright, un humain transformé en cyborg, symbole des dilemmes homme/machine, ainsi que dans Titan (2018) réalisé par Lennart Ruff, dévoilant une expérience scientifique visant à adapter le corps humain à la vie sur Titan, lune de Saturne.

Préceptes

 

Les 4 préceptes énoncés au début du film sont une hommage et une revisite des trois lois de la robotique énoncées par Issac Asimov dans les années 40. Ces préceptes sont les suivants :

  1. "Les Simulants ne doivent jamais faire de mal à aucun être humain",
  2. "Les Simulants ont l'interdiction de se modifier eux-mêmes ou de modifier tout autre simulant de n'importe quelle manière",
  3. "Les Simulants ont l'interdiction de commettre tout acte contraire aux lois internationales ou locales"
  4. "Les Simulants doivent obéir aux ordres de leur maître"

Même si la base est commune, l'intention est différente : là où Asimov imaginait ces lois comme des garde-fous moraux, Simulant les transforme en règles de contrôle.

Les Simulants ne sont pas des partenaires, mais des entités sous surveillance. L’humanité ne cherche pas ici la coopération, mais la domination. Le deuxième précepte est inédit : il révèle la crainte du dépassement technologique : les humains redoutent que les Simulants puissent s’améliorer seuls — un thème récurrent de la SF moderne, de Ex Machina à Blade Runner 2049.

Ici l'’évolution appartient à l’humain, pas à sa création.

Le troisième précepte ancre la logique dans un cadre légal et politique, absent chez Asimov : ici, l’IA doit se conformer à la morale et à la loi humaines, même si celles-ci sont imparfaites — une actualisation de notre époque où les enjeux de régulation de l’IA se font de plus en plus pressants.

L’ensemble de ces règles témoigne d’un basculement philosophique : si Asimov croyait en une intelligence morale, complémentaire à l’humain, Simulant part du principe que l’intelligence artificielle doit être bridée pour éviter la rébellion ou la confusion des rôles. On est passé de “l’homme et le robot peuvent coexister” à “le robot doit rester un esclave docile.

La cohabitation

 

Dans Simulant, la réalisatrice April Mullen interroge notre rapport à la technologie et à la conscience humaine.

"Dans un avenir très proche, où les progrès technologiques nous obligent à prendre conscience de nos limites conceptuelles concernant la vie, la mort et la conscience, comment pouvons-nous, en tant qu’êtres humains, passer à la prochaine étape de l’évolution ? » explique-t-elle. Pour elle, le film agit comme un miroir de notre époque, où l’intelligence artificielle s’immisce dans tous les aspects du quotidien. "Que cela nous plaise ou non, nous sommes une société qui cohabite avec l’IA, qui s’infiltre dans notre vie à une vitesse effrayante", affirme-t-elle, rappelant que l’IA produit désormais œuvres d’art, essais ou poèmes.

Elle voit Simulant comme un chapitre clé de cette conversation mondiale autour de la conscience artificielle et de l’évolution humaine et pose la question essentielle qui traverse tout le récit : "Si nous ne pouvons plus faire la distinction entre un SIM et un humain, comment continuer à différencier les deux ? À ce stade, y a-t-il encore une différence ?"


🎬 LES 3 SCENES CLES DU FILM

Voici trois moments clés du film Simulant (attention spoilers) : 

  1. La scène du marché : un moment d’immobilisation au marché où les androïdes sont brièvement figés par un pistolet électromagnétique, créant un effet de “freeze frame” dans l’espace public. Une scène symbolique, soulignant la vulnérabilité des Simulants face aux dispositifs technologiques de contrôle (un procédé peu utilisé dans les films avec des androïdes !)
  2. Le réveil / la révélation d’Evanl’Evan que Faye côtoie n’est pas l’homme qu’elle connaissait, mais un Simulant répliquant ses souvenirs et son apparence. Un moment de bascule qui explicite la tension centrale du film : la frontière entre humain et machine. 
  3. La reprogrammation forcée d’Esme : Esme, un Simulant féminin, est contrainte à subir une reprogrammation contre son gré, perdant sa conscience partielle.  

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PHOTOS

© Tous droits réservés. 

AFFICHES


GENERIQUE

Simulant (id.), April Mullen, 2023, Canada.

Autres titres : Hello Stranger (titre de tournage)

Son : NC. Format d'image : 2.35.

Réalisateur : April MullenDurée : 1h31.

Productions : Wango Films, Myriad Pictures, en association avec Particular Crowd, Three Point Capital (TPC), Vertical Entertainment.

Distribution France : AB Vidéo.

Producteurs : Tim Doiron, James van der Woerd.

Producteurs exécutifsPeter Bevan, Kirk D'Amico, David Gendron, Mark Gingras, Rich Goldberg, Kristin Harris, Peter Jarowey, Ali Jazayeri, Chris Lee, Kyle Pak.

Producteurs associés : Vanessa Amodeo, Sammi Farber, Chala Hunter, Jack C. Preston.

Scénario : Ryan Christopher Churchill.

Effets spéciaux (sociétés) : NC.

Directeur de la photographie : Russ De Jong.

Montage : Orlee Buium.

Chef décorateur : Ingrid Jurek.

Direction artistique : Sean Moore.

Décorateur plateau : James McCrindle.

Musique : Blitz//Berlin.

Maquillages : Steph Pringle, Erin Sweeney.

Costumes : Hanna Puley.

Casting : Larissa Mair.

Interprètes : Robbie Amell (Evan), Jordana Brewster (Faye), Simu Liu (Casey), Sam Worthington (Kessler), Alicia Sanz (Esme), Masa Lizdek (Lisa), Christine L. Nguyen (Ying), Emmanuel Kabongo (Joshua), Samantha Helt (Morgan), Conrad Coates (Superviseur Abendjor), Mayko Nguyen (Michiko Higashi), Mercedes Leggett (Agent Vasquez), Von Flores (Directeur)…

Date de sortie française : 27 Septembre 2025 (directement en Blu-Ray et DVD).

Date de sortie Canada : 7 Avril 2023.

Date de l'édition Blu-Ray/DVD : 

Budget estimé : NC.

Recettes mondiales : NC.



PLUS SUR SIMULANT

BOUTIQUE SF-STORY

TEST BLU-RAY/DVD

Extraits des menus / Extrait du making-of © Tous droits réservés. AB Vidéo.

AB Vidéo propose deux éditions du film le 27 Septembre 2025 :

- 📀L'édition Blu-Ray (BD-50) en boitier simple

- 📀L'édition DVD (DVD-9) en boîtier simple Keep case

Le film avait déjà fait l'objet d'une édition le 23 Aout 2023, puisqu'il était sorti directement chez AB Vidéo en France.

Les images, au format 1080p AVC, format 16/9 - 2.39 à partir de la source 4K, sont parfaitement restituées donnant au film une ambiance froide avec ses paysages urbains avec un hommage appuyé à Blade Runner pour certaines vues ! Coté audio, deux pistes sont présentes : une version française en 5.1 et la version originale 5.1. sous-titrée en français. 

Le menu animé du support apparaît avec des extraits de Simulant (0'31") donnant accès au film (1h31'48"), aux versions et aux bonus.

Extraits du making of © Tous droits réservés. AB Vidéo.

Les bonus sur le Blu-ray et sur le DVD,

- Making of (16'48") : des interviews de la réalisatrice April Murren, Simu Liu (Casey), Robbie Amell (Evan), Jordana Brewster (Faye), Sam Worthington (Kessler), Alicia Sanz (Esme) parlent de leurs rôles respectifs et prolongent la réflexion sur la cohabitation évoquée entre humains/androïdes, le tout entrecoupé d'extraits du tournage et du film.

- Bande-annonce (1'33") 


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