Un avion exposé à des radiations atterrit, et des zombies infectés buveurs de sang en sortent, armés de couteaux, de fusils et de haches. Ils se déchaînent en coupant, découpant et mordant les humains tout au long de leur parcours dans la campagne environnant l'aéroport puis en envahissant la ville toute proche. Un reporter présent pour un reportage à l'aéroport va tente de retrouver sa femme et d'échapper aux monstres assoiffés de sang qui envahissent la ville.
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Le premier film d'horreur/SF de Umberto Lenzi.
- Les acteurs peu convaincants, les maquillages des "infectés" approximatifs...
Umberto Lenzi fait un film de commande et cela se sent : il est visiblement peu intéressé par le sujet, préférant les films de guerre. De plus, le film n'est pas porté par ses acteurs, au jeu minimaliste et caricatural : la palme revenant à Hugo Stiglitz. De son côté, comme pour contrebalancer l'insipidité de son partenaire, Laura Trotter surjoue et en fait trop ! Son excitation lui vaudra d'ailleurs une gifle de son mari dans un scène mémorable où la belle est submergée par sa terreur des infectés et sa mort prochaine ! Même les maquillages bâclés n'arrangent rien. Alors que reste-il à sauver de cette série B revendiquée du cinéma italien ?
Hugo Stiglitz devient méchant!
Tout d'abord la multiplicité des lieux d'assaut des infectés (aéroport, studio télé, église, campagne...) sont autant d'opportunités pour Lenzi de filmer des scènes d'attaques, de combats au corps à corps qui sont proches du film de guerre, genre qu'il affectionne tant : pour preuve on comptera plus de 160 morts au visionnage, une vraie tuerie avec des scènes gore à foison ! Cela aussi permet de remplir le cahier des charges demandant de l'hémoglobine et une pointe d'érotisme : les infectés ayant une fâcheuse tendance à déshabiller les jeunes demoiselles en détresse avant de les transpercer ou pire de les énucléer.
L'ambiance du film est sombre voire pessimiste. Les tonalités de l'image servant le propos ainsi que l'absence totale d'humour. De plus, le message anticonsumériste en filigrane font de cet Avion de l'apocalypse (on préfèrera le titre original Incubo sulla città contaminata, plus proche du contenu) une aimable variante spaghetti de La Nuit des fous-vivants (1973) de George A.Romero.
Lenzi par défaut
Ce sont Lucio Fulci, avec L’enfer des zombies (1979), et Bruno Mattei, avec Virus Cannibale (1980) qui ont lancé la vague italienne suite au succès de Zombie (1978) de George Romero, il n’en fallait pas moins au réalisateur Umberto Lenzi pour apporter sa pierre à ce sous-genre du film d’horreur version italienne. L'Avion de l'apocalypse est son premier film d'horreur dans la veine zombie, sans jeu de mots.
Pourtant le film avait d'abord été proposé à une autre réalisateur : Enzo G.Castellari qui déclinera l'offre, préférant se tourner vers la copie éhontée de films SF post-apocalyptiques comme Les Guerriers du Bronx (1982), reprenant peu ou prou la trame de Les Guerriers de la nuit / The Warrior de Walter Hill, et l'esthétique de New-York 1997 / Escape from New York de John Carpenter avec le budget en moins!
Les producteurs se tournent alors vers Umberto Lenzi qui vient de réaliser deux films de guerre : La Grande bataille (1978) et De l'enfer à la victoire (1979).
Le choix des acteurs
Umberto Lenzi souhaitait donner le rôle du reporter à Franco Nero (Django, Tristana) ou Fabio Testi (Le jardin des Finzi-Contini) , acteurs italiens qui avaient été tous deux envisagés dans un premier temps, mais le producteur a insisté pour qu'il soit tenu par un Mexicain afin de plaire au public mexicain, pays co-producteur du film. Le rôle a donc été attribué à Hugo Stiglitz, acteur mexicain populaire à l'époque dans son pays. Malheureusement, son jeu d'acteur insipide et monolithique n'aura pas apporté beaucoup de relief au rôle !
Pourtant, en hommage au film, Quentin Tarantino a utilisé le nom de l'acteur Hugo Stiglitz comme nom de personnage pour l'acteur Til Schweiger, jouant un nazi repenti dans Inglorious Bastards (2009).
Infectés plutôt que zombies
S'il valide globalement le scénario, Lenzi souhaite faire quelques changements, les zombies ne l'intéressent pas, ils préfèrent que les acteurs des infectés à des radiations atomiques. Il est vrai que film est produit après la catastrophe industrielle de Seveso de juillet 1976 en Lombardie, dans le nord de l'Italie : un nuage d'herbicide contenant des produits toxiques s'échappe d'une usine et contamine les alentours, provoquant des hospitalisations pour les enfants et la mort de plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage. Cela lui permettra de distiller un message écologiste et anticonsumériste (dans la scène de la station service notamment). Ces infectés sont d'ailleurs d'habiles manieurs de haches et de mitraillettes : cela plaît davantage au réalisateur, très à l'aise dans les scènes d'action de de guérilla urbaine !
Infectés mais pas zombies (bis repetita)
Dans plusieurs interviews, le réalisateur Umberto Lenzi avait insisté sur le fait que les personnes sortant de l'avion ne devaient pas être considérés comme des zombies, car dans le scenario il s'agissait de « personnes infectées » par des radiations nucléaires et non de morts-vivants. Malgré cela, le film est généralement considéré comme un film de zombies, y compris par le réalisateur Quentin Tarantino qui, lors d'une interview promotionnelle pour les deux films Grindhouse (2007) les avait aussi considéré comme des zombies. Lenzi avait été très contrarié lorsque Tarentino avait qualifié Nightmare City (le titre américain de L'avion de l'apocalypse) de « film de zombies », alors qu'il en faisait l'éloge.
Tournage espagnol et italien
Alors que le film voudrait situer l'action plutot aux Etats-Unis avec ces références aux marques Coca-Cola, et hamburgers bien visibles dans la station service, le film est tourné en Espagne dans la banlieue de Madrid. Le parc d'attraction du Parc Casa de Campo proche de la capitale, la magnifique église de San Pedro Mártir (curieux d'avoir pu obtenir une autorisation de tournage de cette scène dans un église : mais les voies du seigneur sont impénétrables!) . Des prises de vues supplémentaires sont réalisées au Studios Incir De Paolis de Rome.
Faux raccords à gogo
Le montage du film a du être une gageure car des nombreuses scènes, qui ont une continuité, dans le film n'ont pas été filmées dans le mêmes conditions, ainsi lorsque les zombies infectés sortent de l'avion, on peut voir que la piste d'atterrissage est mouillée sur la piste dans certains plans, alors que dans d'autres plans par la suite elle est complètement sèche.
Lorsque le reporter entre dans le bureau de son patron, deux télévisions sont allumées et en marche. Cependant, lorsque son patron va éteindre la télévision la plus proche de lui, l'autre est déjà éteinte !
Pendant le raid sur le plateau de télévision, un zombie frappe un caméraman avec un bâton si fort qu'il lui tombe des mains. Au plan suivant, le bâton est de nouveau dans les mains du zombie ! Lorsque la femme de la station de télévision se fait griffer le visage par un zombie, son visage est visiblement couvert de sang et de marques de griffures avant que le zombie ne la touche.
Faux raccords suite mais pas fin...
Une erreur particulièrement visible apparait lorsque le Major Warren tue Sheila devenue infectée : son deuxième tir fait exploser le haut de sa tête mais dans le plan suivant, alors qu'elle est au sol, on voit sa tête unique le trou de balle !
Dans la scène de l'église, lorsque Dean et Laura s'y réfugient dans l'église et rencontrent le prêtre qui n'apparait pas infecté côté caméra alors que les deux autres acteurs sont à l'arrière plan. Le prêtre se tourne vers la caméra pour montrer ses blessures faciales au public, puis termine par se tourner à 360° vers Dean et Laura qui réagissent. Mais étant donné l'endroit où se trouve la blessure du prêtre, et étant donné que le prêtre fait un tour complet de 360 degrés, Dean et Laura auraient du voir l'infection immédiatement ... en cherchant bien vous découvrirez sûrement d'autres faux raccords au visionnage !
Infectés cascadeurs
Le cascadeur et acteur italien Ottaviano Dell'Acqua interprète, dans un rôle non crédité, l'une des personnes infectées. Il est vrai que ces infectés sont plutôt actifs ! On se souvient de l'acteur pour son interprétation de l'horrible zombie avec des vers sortant de son oeil sur l'affiche du film L'Enfer des zombies / Zombi 2 (1979) de Lucio Fulci (1979), ressorti récemment dans une superbe version restaurée chez Artus Films. Son frère Roberto Dell'Acqua, également cascadeur, interprète aussi l'un des zombies infectés, lui aussi non-crédité au générique.
Versions coupées
Au delà des nombreux titres différents que le film a pris suivant les pays où il a été diffusé, les censeurs ont souvent vus d'un mauvais oeil toute l'hémoglobine coulant par moments à flots et les scènes gore. Les protagonistes avaient subis des amputations mais la longueur du film aussi : ainsi, la version britannique sortie en VHS en 1986 a été coupée de 3 minutes et 5 secondes par le BBFC (Bureau britannique de censure) afin de supprimer les plans de têtes qui explosent, les morsures au cou, l'œil et le sein d'une femme poignardés avec une pointe, l'ablation d'un bras, l'attaque de l'ascenseur, les plans de blessures sanglantes et le sein d'une femme tranché avec un couteau.
Une version allemande fortement censurée classait le film avec interdiction aux - de 12 ans et environ 10 minutes du film avaient coupées pour supprimer presque tous les moments de violence brutale. En 2021, la censure allemande a été levée et la version non coupée a retrouvé sa classification originale d'interdiction aux - de 18 ans.
Drôle de fin
Selon des sources, la fin du film en épanadiplose narrative serait due au fait que les réalisateurs n'avaient pas de moyen suffisant pour terminer l'histoire sans dépasser leur budget déjà plus que limité. Le cauchemar devient réalité...
© Tous droits réservés
L'avion de l'apocalypse (Incubo sulla città
contaminata), Umberto Lenzi, 1980, Italie / Espagne / Mexique.
Autres titres : Nightmare City (Australie, Etats-Unis), La cité de la peur (Belgique), La contamination (Canada VF), L'invasion des zombies (titre alternatif français), City of the Walking Dead (Etats-Unis), ou Invasion by the Atomic Zombies...
Son : Mono. Format d'image : 2.35
Réalisateur : Umberto Lenzi. Durée : 1h32 (1h28 pour la version US)
Productions : Dialchi Film, Lotus Films Internacional, Televicine S.A. de C.V.
Distribution France : Marathon Pictures, Super Vidéo Productions
(éditions VHS).
Producteur : Diego Alchimede, Luis Méndez.
Scénario : Antonio Cesare Corti, Luis María Delgado, Piero Regnoli.
Directeur de la photographie : Hans Burmann.
Montage : Daniele Alabiso.
Direction artistique : Mario Molli.
Musique : Stelvio Cipriani.
Maquillages : Maria Teresa Carrera, Franco Di Girolamo, Giuseppe Ferranti.
Costumes : Silvana Scandariato.
Interprètes : Hugo Stiglitz (Dean Miller), Laura Trotter (Dr. Anna Miller), Maria Rosaria Omaggio (Sheila Holmes), Francisco Rabal (Maj. Warren Holmes), Sonia Viviani (Cindy), Eduardo Fajardo (Dr. Kramer), Stefania D'Amario (Jessica Murchison), Ugo Bologna (Mr. Desmond), Sara Franchetti (Liz la servante), Manuel Zarzo (Col. Frank Donahue), Tom Felleghy 'Lieutenant Reedman), Pierangelo Civera (Bob), Achille Belletti (le technicien TV), Mel Ferrer (General Murchison)...
Date de sortie française : 23 juin 1982.
Date de sortie italienne : 11 décembre 1980.
Budget estimé : NC.
Artus Film propose, dans le cadre de sa collection Patrimoine européen, une superbe édition combo Boîtier avec étui incluant le DVD+Blu-Ray et un livret de 64 pages intitulé " L’avion de l’apocalypse, l’horreur malgré soi ".
Deux mentions apparaissent au lancement du Blu-Ray :
- le film est interdit aux moins de 16 ans,
- lors de son exploitation française, une scène a été coupée (en réalité plusieurs). Pour profiter de la version complète cette scène a été intégrée en version italienne sous-titrée en français (environ 10 minutes de 53'58" à 1h03'10" lors du visionnage du film).
Le master du film est de bonne qualité avec uniquement quelques moirages côté gauche de l'image sur quelques scènes avec fond clair. L'image est nette, les couleurs froides du film bien restituées, les noirs sont profonds notamment dans la scène de la cave de la maison.
Le menu du Blu-Ray et du DVD est fixe avec un extrait de la bande originale (2'03") de Stelvio Cipriani.
Détails de l'édition parue le 2 Septembre 2024 :
- le Blu-ray du film (90'57")
- le DVD du film (87'19")
- Présentation du film par Emmanuel Le Gagne et Sébastien Gayraud (32'31) : très intéressante évocation, en dialogue croisé, de la carrière d'Umberto Lenzi, puis du film L'avion de l'Apocalypse (à partir de la 20ème minute),
- Diaporama d’affiches et de photos (1'48"),
- Film-annonce original (3'36") en VO non sous-titrée, format d'image non respecté,
- un livret 64 pages de David Didelot « L’avion de l’apocalypse, l’horreur malgré soi » : prolongement idéal du film où l'auteur passe en revue toute la veine horrifique d'Umberto Lenzi, des films cannibales italiens (Cannibal Holocaust notamment), puis des délirants films bis transalpins où zombies ou infectés crèvent l'écran.
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
Rechercher sur SFStory :
SFSTORY - Cent ans de cinéma de science-fiction
Toutes les photographies et jaquettes de ce site web sont protégées par les lois sur le copyright. Tous documents visuels de ce site sauf mentions particulières sont la propriété des auteurs ou des studios de cinéma respectifs. Vous n'êtes autorisés à télécharger et à imprimer tous les documents visuels que pour une utilisation dans le cadre privé. Pour les jaquettes (covers), uniquement dans le cadre d'un remplacement d'un original perdu ou détérioré. L'éditeur de ce site ainsi que son hébergeur ne sauraient être tenus pour responsable d'une utilisation autre que celle prévue dans cette mise en garde.
Les textes du site sauf mentions particulières du nom de l'auteur de certains articles ou critiques sont la propriété du sitemestre.
Les liens externes pour des sociétés ou des sites à caractères commerciaux ne sont là que pour vous informer de la possibilité de visionner les livres, films ou séries TV nommés. SF-Story ne peut être tenu responsable des transactions effectuées à partir de ces liens. Vous devez accepter ces conditions pour accéder au site.
SF Story n'a qu'un seul but : vous faire apprécier le cinéma de science-fiction!