Caleb Swain et sa femme Lutetia forment un couple riche considéré comme le plus beau de toutes les belles personnes par la presse. Cela change lorsque Lutetia donne naissance à des jumeaux surdimensionnés et déformés nommés Wilbur et Eliza.
Il s'avère que les jumeaux ne sont rien d'autre qu'une fratrie d'extra-terrestres capables de résoudre les problèmes du monde.
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Un OVNI cinématographique !
- Scénario inconsistant et effets spéciaux avec incrustations vidéos d'un autre âge.
Wilbur et Eliza, sont nés dans une famille humaine. Bien qu'ils semblent déformés et inadaptés, ils possèdent une intelligence exceptionnelle lorsqu'ils sont ensemble. Des émissaires chinois et le gouvernement américain s'intéressent à eux, tandis qu'ils tentent de trouver leur place dans le monde… on apprendra finalement que ce sont des extra-terrestres arrivés sur terre pour tenter de sauver l'espèce humaine.
Slapstick est un film OVNI : Kurt Vonnegut, l'auteur du roman original, avait déclaré que l'adaptation était "une trahison" de son œuvre, malgré le ton burlesque qui était bien présent dans le roman. A sa sortie, malgré Jerry Lewis en tête d'affiche, le film subit l'échec critique et commercial, il est devenu aujourd'hui un film culte marginal, objet filmique atypique, notamment en Europe où Jerry Lewis est resté très populaire.
A la vision du film, on ne peut s'empêcher de penser ce que Tim Burton aurait pu faire de cette adaptation, tant les thèmes du film sont proches de son univers cinématographique : ces jumeaux siamois sortent de monstres de Frankenstein modernes, que les parents cachent dans un manoir, rejetant leur progéniture sont les cousins d'Edward aux mains d'argent et autres créatures mal aimées. La traque des jumeaux à la fin du film est un remake de la chasse aux monstres de Frankenstein (tout comme le nom du professeur un peu fou qui est chargé de leur éducation). Ce mélange de science-fiction no sense dans un univers dystopique où les chinois sont maîtres du monde et de la miniaturisation est noyé dans des gimmicks du réalisateur indigestes comme les plans en grand angle sur le visage de Jerry Lewis.
Un objet filmique SF non identifié à voir au second degré.
Humour slapstick
Le film emprunte son titre à un style de comédie très ancien où l'humour est provoqué par des scènes de poursuite et de bastonnades entre les protagonistes d'une pièce de théâtre.
Le terme slapstick vient de l'anglais slap stick, que l'on peut traduire par "bâton claqueur" en français, sorte de bâton articulé sur une planche et qui provoque au maniement des bruits secs donnant l'impression de coups violents portés sur le personnage sensé être roué de coups. Le personnage de Guignol, par exemple, utilise une tavelle, bâton de bois pour rosser les vilains : ce slap stick français, la tavelle est très souvent fendue en deux, voire en quatre, afin de faire le plus de bruit sans avoir à trop taper et abîmer les marionnettes ou le décor.
Par extension, le slapstick est devenue un burlesque physique exagéré fondée sur les chutes, les collisions, les poursuites et les coups portés aux protagonistes utilisés dans le cinéma burlesque américain des débuts du cinéma jusqu'aux années 1940. Charlie Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd et Laurel et Hardy, dont un hommage est rendu dans les premières scènes du film, lorsque deux sosies apparaissent en artisan peintre, étaient des comiques slapstick. Le comique anglais Benny Hill a utilisé aussi ce principe dans son show télévisé.
En France, Pierre Étaix et Jacques Tati ont emprunté dans leurs films la forme du comique slapstick.
Un casting hétéroclite
Jerry Lewis, de son vrai nom Joseph Levitch, incarne Caleb Swain et Wilbur, l'un des jumeaux, il était l'un des maîtres du slapstick dans ses nombreux films : Le Tombeur de ces dames (1961) ou Docteur Jerry et Mister Love (1963) pour ne citer qu'eux. A partir de la fin des années 60, sa carrière connaîtra un déclin progressif et une absence cinématographique jusqu'au début des années 80. Il sera de nouveau à l'affiche dans un rôle dramatique, incarnant Jerry Langord, une vedette comique qui anime un talk-show quotidien dans La Valse des Pantins (1982) de Martin Scorsese, tourné la même année que Slapstick (of Another Kind).
En 1993, il jouera dans Arizona Dream d'Emir Kusturica, aux côtés de Johnny Depp et Faye Dunaway. L'acteur sera doublé en français dans la majorité de ces films par Roger Carel.
Pour Slapstick, Jerry Lewis aurait déclaré : "Faire un film devrait être amusant, mais ce n'est pas amusant."
Madeline Kahn, qui joue la sœur jumelle de Wilbur, a été rendue célèbre pour ses rôles dans les films de Mel Brooks (Frankenstein Junior, Le shérif est en prison, La Folle histoire du monde).
Marty Feldman est le savant déjanté Dr. Frankenstein, bien connu pour son regard singulier et son rôle d’Igor dans Frankenstein Junior de Mel Brooks.
A noter aussi la présence de l'éditeur de science-fiction Forrest J Ackerman dans un caméo clin d’œil pour les fans du genre.
Un film atypique
Slapstick est la concrétisation de plusieurs années d'efforts du réalisateur, producteur et co-scénariste Steven Paul, alors agé de 21 ans. Son intention est "... d'épouser l'humour intellectuel du slapstick avec l'approche ouvrière de Jerry Lewis et faire des rêves une réalité." Un ambitieux projet comparé au budget limité d'un million de dollars dont la moitié est dédié aux cachets des acteurs, et un tournage court limité à 8 semaines.
Le film utilise aussi des effets spéciaux en animation stop-motion animée par Ernest D. Farino (la séquence chantée avec la chauve-souris), en incrustation de miniatures, des maquillages prosthétiques pour les visages des jumeaux Wilbur et Eliza Swain... et une soucoupe volante (une fusion "entre la palourde et le gateau praliné !" diront les protagonistes dans le film)
Une adaptation compliquée d'un roman de Kurt Vonnegut
Le réalisateur Steven Paul rencontre l'auteur SF Kurt Vonnegut (Abattoir 5) après avoir lu un extrait de 10 pages de Slapstick: Or Lonesome No More! publié dans Playboy en 1976 : "J'ai adoré. C'était visuel et sensible. Je l' ai juste vu comme un film" a-t-il déclaré.
Le réalisateur exprime l'intérêt pour l'achat des droits cinématographiques auprès de l'auteur, ce dernier hésitant a traiter avec un jeune de 17 ans. Mais, aidé de croquis conceptuels, Steven Paul convainc finalement Vonnegut et conclut un accord 250 000 $ : "J'avais les droits sur Slapstick. Mais je n'ai pas pu conclure un marché… j'étais jeune, sans aucune expérience. Les producteurs ont estimé que le travail de Vonnegut ne se transposait pas bien au cinéma…"
Finalement, après avoir réalisé un premier film (Falling in Love Again en 1980), Steven Paul se lance sur le tournage de Slapstick. Mais durant celui-ci les difficultés s'accumulent : l'actrice Madeline Kahn fait une réaction allergique à l'adhésif utilisé pour mettre en place son maquillage facial et les maquillages faciaux des deux jumeaux sont compliqués à mettre en œuvre. En outre, les jumeaux doivent paraître très grands et les prises de vue en contre-plongée ne suffisent pas à contribuer à l'illusion : des échasses sont utilisées par les deux acteurs, rendant leur démarche caractéristique à la vision du film !
La soucoupe volante
Pour la séquence final lorsqu'Eliza regarde par la fenêtre et voit descendre un vaisseau spatial, le plan a été créé par Private Stock Effets, une société créée par Chuck Cosmiky, Ken Jones et Larry Benson. La miniature, visiblement inspirée de Rencontres du 3ème type (1977), était équipée de tubes fluorescents pour fournir l'éclairage souhaité. La société travaillera sur une autre comédie de SF, UFOria (1984) de John Binder pas encore vue et sur Les Dents de la mer 3 (1983) en 3D signé Joe Alves.
Chanson
Dans le film, Eliza chante "Lonesome No More" après que le personnel du manoir ait tenté de lui remonter le moral après le départ de Wilbur à l'école militaire. Le compositeur français Michel Legrand a composé la musique, Kurt Vonnegut Jr. les paroles et en est Madeline Kahn.
Slapstick, le making-of
© Tous droits réservés
Slapstick (Slapstick (Of Another Kind)), 1982, Steven Paul, Etats-Unis. Autres titres : Le fou de l'espace
(Canada).
Son : Mono. Format d'image : 1.77.
Réalisateur : Steven Paul. Durée : 1h22 (version cinéma), 1h24 (version longue sortie Blu-Ray Bach Films)
Productions : The Steven Paul Company, Serendipity.
Distribution France : Bach Films (Sortie Blu-Ray)
Producteurs : Steven Paul.
Producteurs exécutifs : Dan Murphy, Hank Paul, Larry Sugar.
Producteur associé : Murray Schwartz.
Producteur délégué : Patrick Wright.
Scénario : Steven Paul, Kurt Vonnegut Jr. d'après le roman "Slapstick" de Kurt Vonnegut.
Directeur de la photographie : Anthony B. Richmond.
Direction artistique : NC.
Chef décorateur : Joel Schiller .
Décorateur plateau : Albert Heintzelman.
Effets spéciaux (société) : Private Stock Effects Inc.
Montage : Doug Jackson.
Casting : Dorothy Koster Paul.
Musique : Morton Stevens, chanson de Michel Legrand.
Costumes : Darryl Levine.
Interprètes : Jerry Lewis (Wilbur Swain/Caleb Swain), Madeline Kahn (Eliza Swain/Lutetia Swain), Marty Feldman (Sylvester), John Abbott (Dr. Frankenstein), Jim Backus (Le President des Etats-Unis), Samuel Fuller (Col. Sharp),
Merv Griffin (Le Présentateur), Pat Morita (Ah Fong - l'ambassadeur chinois), Virginia Graham (Gossip Specialiste), Ben Frank (Quentin - l'homme à tout faire), Cheire Harris (La bonne)…
Date de sortie française : 1982.
Date de sortie US : 23 Mars 1984.
Date de sortie Blu-Ray Bach Films : 21 Mai 2025.
Budget estimé : 1M$.
Bach Films sort une édition Blu-Ray (BD-50 Keep Case) du film le 21 Mai 2025.
Le film a été restaurée à partir de la pellicule 35mm et la version française a été recalée sur la version originale anglaise. Le film est proposée dans une version longue avec deux minutes supplémentaires. Pour ces scènes jamais doublées en français, des sous-titres français ont été ajoutés. La bande sonore française a également été restaurée.
La qualité du transfert sur le Blu-Ray (1080p AVC) est parfaite (voir photos ci-dessous), les couleurs sont bien restituées.
Côté audio, V.O. et VF (mélangés pour la VF comme indiqué pour cette version longue) sont perfectibles, la transition entre VF/VO étant assez déstabilisante. Le sous-titrage en français est disponible pour la version originale : à regarder de préférence en V.O. donc !
Seul supplément du Blu-Ray :
- Entretien avec Claude Gaillard (10'52") : présentation du film, de la filmographie de Jerry Lewis plus des anecdotes entrecoupées d'extraits du film en VF.
Claude Gaillard est un auteur spécialisé dans le cinéma et la culture Pop. Il a publié plusieurs livres sur le sujet : Bad Requins, l'histoire de la Sharkploitation, Les Pires parodies X sont souvent les meilleurs, Retour vers les futurs, Films de ouf ou C'est presque pareil. Il a également collaboré à des titres de presse comme Geek Magazine, Union, Fantask, et Starfix. Il a également coanimé une conférence sur la contrefaçon au cinéma au Forum des Images (Paris). Il est également l’auteur de Slashers, publié en 2021 aux éditions Glénat.
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
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