LA FEMME SUR LA LUNE (1929)

Lors d'une conférence scientifique, le professeur Manfeldt présente à ses confrères sa théorie sur l'existence de l'or sur la Lune . L'accueil est désastreux, provoquant rires et sarcasmes.

Trente ans plus tard,  M.Helius a des plans ambitieux pour construire un vaisseau spatial ... et se rendre sur la Lune! Jean Windegger, son ingénieur en chef, veut y aller, tout comme le professeur Manfeld, qui vit seul dans une vieille maison mais toujours hanté par sa théorie.

La sonde Rocket H 32, envoyée en éclaireur, ramène des informations précieuses du côté obscur de la lune. L'entreprise excite la convoitise de groupes financiers influents qui veulent participer à l'expédition. 

Finalement, accompagné par quelques audacieux compagnons, parmi lesquels le Professeur Manfeld, bien décidé à vérifier sa théorie sur la présence massive d'or sur la Lune, l'ingénieur Windegger et sa fiancée Frida Velten y découvriront, à l'issue d'un voyage incroyable et mouvementé, plus qu'un simple gisement du précieux métal et bien plus que ce à quoi ils pouvaient s'attendre... 

La Femme sur La lune a été réalisée deux ans après Metropolis, il est beaucoup plus classique dans sa facture, plus ludique et fantaisiste dans son intrigue. Dernier film muet de Fritz Lang, il s'inscrit dans la tradition réaliste de la science-fiction, inspirée de Jules Verne, avec une approche très scientifique de l'expédition vers notre satellite.

Le réalisateur s'est d'ailleurs entouré de scientifiques allemands pour donner de la crédibilité à son propos. Preuve du réalisme, l'armée ira même jusqu'à détruire les maquettes du vaisseau spatial, le trouvant beaucoup trop ressemblant aux missiles V2. Les développements futurs de l'astronautique comme le compte à rebours avant le décollage, l'utilisation d'une fusée lunaire à plusieurs étages, sont montrés pour la première fois dans un film, ils sont aujourd'hui passés dans le sens commun

D'une durée inhabituelle pour l'époque, La femme sur la Lune mêle intrigues de pouvoir et parties didactiques, comme la préparation pour l'envol de la fusée minutieusement décortiquée. Visuellement le film est très réussi : Fritz Lang maîtrise ses décors et donne de l'ampleur dans la scène clé de l'envol de la fusée habitée. 

Cela se gâte un peu lors de l'arrivée sur la Lune où l'air est respirable (!) et le mélodrame final finit par prêter à sourire...

Un documentaire scientifique

La Femme sur la Lune est le premier film qui  montre un compte à rebours pour lancer une fusée. C'est également la première fois qu’apparaît ce principe d'accessoire dramatique pour le film qui sera trés souvent utilisé par la suite. Fritz Lang déclarait : « Quand j'ai tourné le décollage de la fusée, je me disais : " Si je compte un, deux, trois, quatre, dix, cinquante, cent, le public ne sait pas quand le décollage aura lieu. Mais si je compte à rebours dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un — cela devient très clair " »

C'est aussi la première fois que l'on utilise un carburant pour envoyer une fusée dans l'espace : dans les films précédents cela relevait soit d'un canon ou d'un procédé fantastique. On y voit aussi une fusée à deux étages, et le principe de la  gravité zéro dans l'espace. Fritz Lang et Thea Von Harbou s'était appuyés sur le conseiller scientifique Hermann Oberth.

Ce dernier devait, pour la première du film, lancer une fusée dans l'espace, mais en 1929, il est davantage théoricien que technicien et il échoua dans sa tentative. Ce spécialiste de l'astronautique, considéré comme l'un des pères fondateurs du vol spatial, aux côtés du Russe Constantin Tsiolkovski et de l'Américain Robert Goddard. Il est le premier à avoir , dans sa thèse de doctorat "Des fusées dans l'espace interplanétaire" évoqué le vol interplanétaire et la réalisation d'une station orbitale permanente dès 1923. Il travailla ensuite sur les missiles V2 puis rejoignit les Etats-Unis après la guerre 39-45.

Sur l'empennage de la fusée A4/V4, premier prototype de V2 tiré avec succès en octobre 1942, se trouvait d'ailleurs un dessin rendant un hommage humoristique au film : une femme dessinée à cheval sur un croissant de lune !

Influences

La Femme sur la Lune est le dernier film muet de Fritz Lang. Ce fut aussi la dernière superproduction du studio Universum Film AG avant le krach de 1929. Beaucoup d'éléments du scénario inspirèrent les albums de Tintin de Hergé : Objectif Lune et On a marché sur la Lune.

Une femme sur la lune (Frau im Mond), 1929, Fritz Lang, Allemagne.

Film muet en Noir et blanc avec interstices écrits. Format d'image : 1.33.

Réalisateur : Fritz Lang.

Durées : 2h36 min (version originale), 3h20 min (restauration 2000), 2h32 (edition DVD), 2h42 (edition DVD) | 1h31 (montage de 1970).

Date de sortie : 15 Octobre 1929 (Berlin), 

Productions :  Fritz Lang-Film, Universum Film (UFA)

Producteur : Fritz Lang

Effets visuels : Oskar Fischinger, Konstantin Tschet.

Directeurs de la photographie : Curt Courant, Otto Kanturek

Décors : Otto Hunte, Emil Hasler, Karl Vollbrecht

Photographe de plateau : Horst vonHarbou

Conseillers artistiques : Gustav Wolff, Joseph Danilowitz, Hermann Oberth, Willy Ley

Scénario : Thea vonHarbou d'après son roman "Frau im Mond" et Hermann Oberth (conseiller scientifique)

Musique : Willy Schmidt-Gentner

Chansons originales : Fritz Rotter, André Mauprey

Interprètes : Klaus Pohl (le professeur Georg Manfeldt), Willy Fritsch (Wolf Helius), Gustav vonWangenheim (l'ingénieur Hans Windegger), Gerda Maurus (l'étudiante en astrologie Friede Velten), Gustl Stark-Gstettenbaur (Gustav), Fritz Rasp (Walt Turner), Tilla Durieux (un cerveau et un carnet de chèque), Hermann Vallentin (un cerveau et un carnet de chèque), Max Zilzer (un cerveau et un carnet de chèque), Mahmud Terja Bey (un cerveau et un carnet de chèque), Borwin Walth (un cerveau et un carnet de chèque), Margarete Kupfer (Frau Hippolt, la gouvernante de chez Helius), Max Maximilian (Grotjan, le chauffeur de Helius), Alexa vonPorembsky (une vendeuse de violettes), Gerhard Dammann (le chef d'équipe), Heinrich Gotho (le locataire du second étage), Karl Platen (l'homme au microphone), Alfred Loretto (une existence sans équivoque), Edgar Pauly (une existence sans équivoque)