En 2027, l'espèce humaine a épuisé toute les ressources disponibles sur la Terre. Un autre terrible fléau annonce la destruction prochaine de l'homme : la dernière naissance remonte à plus de 27 ans et le désespoir a engendré à travers le monde un climat de violence, d'anarchisme et de nihilisme exacerbé.
En Grande-Bretagne, la mise en place d'un régime totalitaire a limité cette descente aux enfers, et a suscité la venue de milliers de réfugiés, qui dès leur arrivée, sont parqués dans de vastes camps de regroupement et impitoyablement rejetés à la mer.
Pour Theo, rien de cela ne compte vraiment, car le militant qu'il fut s'est converti en bureaucrate et paraît résigné à vivre au jour le jour, sans plus se soucier d'un avenir définitivement bouché. Son seul plaisir est désormais de rendre visite à son vieil ami Jasper, et d'évoquer avec lui leurs glorieux combats…
C'est alors que Theo est enlevé sur l'ordre de son ancienne compagne, Julian, chef d'un cellule clandestine qui se bat pour les droits des réfugiés. Julian demande à Théo d'obtenir des papiers pour une jeune femme de l'organisation, Kee, et de veiller à ce qu'elle quitte le territoire en sécurité avec un petit groupe de camarades. Theo accepte, en souvenir de leur amour mais aussi pour une coquette somme.
Au cours de ce périlleux voyage en direction des côtes, Theo découvre la vraie raison de cette mission : Kee n'a rien d'une réfugiée ordinaire. Enceinte de huit mois, elle incarne le dernier espoir du genre humain, le miracle que chacun attendait depuis vingt ans. Mais, dans chaque camp, des hommes sont prêts à tout pour s'emparer du dernier fils de l'homme.
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Un road-movie hyper-réaliste.
+ De la S-F sociale
+ Le fabuleux plan-sésquence de l'assaut de l'immeuble
- Le film ne répond pas à toutes nos interrogations.
Filmé comme un road-movie hyper-réaliste, Les fils de l'homme se construit par des relations de personnages antagonistes. Il y a Theo Faron, fonctionnaire cynique et sans idéal, ayant perdu son âme et tout espoir dans un monde en ruines, son ex-femme Julianne qui elle, par ses combats et ses luttes, a su surmonter les épreuves de la vie. Il y a la jeune Kee, jeune mère non dénuée d'humour : elle se prétend vierge et porte en elle l'espoir, le renouveau de demain ("Tomorrow" est le nom du vaisseau salvateur !) .
Avec un propos similaire du formidable V pour Vendetta, ayant d'ailleurs pour cadre cette même Angleterre devenue un royaume despotique, gangrené par les terroristes où l'état fait autant de ravages que les poseurs de bombes. Cuaron sait rendre cette moiteur palpable, sa caméra est derrière les personnages, elle suit Theo dans ses moindres déplacements, c'est un personnage à part entière du film, maculé de sang dans le long et fabuleux plan-séquence de l'assaut de l'immeuble dans le camp de réfugiés.
Après un démarrage lent, le film nous immerge dans la terreur d'un monde où l'espoir est absent. Le film prend à plusieurs reprises des accents bibliques : l'enfant de Kee prend la mer pour être sauvé, Theo et Kee sortant de l'immeuble avec l'enfant, faisant cesser pour quelques instants les tirs et écartant à leur passage une foule subjuguée par le bébé. Même s'il ne répond pas à toutes les interrogations de son scénario : pourquoi la Grande-Bretagne a-t-elle survécu alors que le monde s'est effondré, pourquoi les femmes sont-elles devenues stériles?, ce film de S-F social se place d'emblée comme une référence du genre.
Un projet de productrice
Le film a été présenté en compétition officielle lors de la 63ème Mostra de Venise et a reçu un accueil unanime auprès de la presse et a reçu l'Osella de la Meilleure contribution technique attribué au directeur de la photographie Emmanuel Lubezki ainsi que le prix de la Lanterne Magique accordé au réalisateur Alfonso Cuaron.
Il s'agit de l'adaptation du roman homonyme de P.D. James publié en 1993. Ce fut la productrice Hilary Shor qui, subjuguée par cette oeuvre à sa lecture dès sa sortie, pris une option d'adaptation cinématographique dès 1994 : "C'est un texte magique, et bien qu'il ait fallu beaucoup de temps pour le développer et le porter à l'écran, ces neuf années furent pour moi un pur bonheur."
Le réalisateur Alfonso Cuaron n'est arrivé que plus tardivement sur le projet Les Fils de l'homme car il avait reçu une première version du scénario qui ne lui avait pas plu. Ce n'est qu'après une nouvelle version du script qu'il a finalement accepté de participer et de prendre les commandes du film.
Un futur réaliste
C'est en questionnant leur entourage que le réalisateur Alfonso Cuaron et Timothy J. Sexton, son scénariste, se sont forgé leur vision de l'avenir dans lequel se déroule le film. Deux problèmes majeurs sont apparus pour les quelques personnes interviewées : le flot grandissant des mouvements migratoires à l'échelle de la planète, des pays pauvres vers les pays riches, et le contre-effet des trois derniers siècles de colonisation pour les grandes puissances mondiales.
Ensuite, les deux chefs décorateurs Geoffrey Kirkland et Jim Clay ont du composer un environnement hyperréaliste constitué de nombreux détails pour lesquels Alfonso Cuaron était particulièrement attentif. Il lui arrivait ainsi de passer plusieurs minutes à disposer de simples cartes postales sur un fond de décor pour contribuer à donner un look au film.
Côté scénario, Cuaron et Sexton sont partis de la trame scénaristique du roman : depuis vingt ans, aucune naissance ne s'est produite. "Il s'agit en fait d'une métaphore sur la perte d'espoir actuel d'une grande partie de la population que je trouvais intéressante à développer pour parler des problèmes actuels" déclare Alfonso Cuaron. A partir de ce postulat, le roman a été abandonné pour repartir sur de nouvelles bases : une trame complètement différente. Clive Owen précise l'option du cinéaste : "Il ne s'agissait pas de faire un film de science-fiction, voire même futuriste. Il fallait créer un Londres réaliste situé dans 30 ans, un monde dans lequel il était possible d'inclure des thèmes reprenant les craintes et les inquiétudes du moment et de faire ainsi passer le message que si nous ne faisons pas attention, voici la vision de ce qui va se passer."
Comme l'explique Alfonso Cuaron, le personnage de Théo est significatif, "...au départ il est détaché du monde qui l'entoure comme aliéné... il est vraiment sans espoir, mais le voyage qu'il entreprend va lui redonner l'espoir, sous la forme d'un nouveau-né...".
Le réalisateur accapare le spectateur dans l'aventure en plaçant la totalité de la narration, sous le regard de Théo : la plus grande partie de son film en plans-séquences sont ainsi réalisés à travers le regard de son personnage principal Théo.
Le choix des acteurs
Les acteurs du film ont été choisis par Alfonso Cuaron : c'est en regardant Retour à Cold Mountain d'Anthony Minghella que le réalisateur découvre Charlie Hunnam dans le rôle de Bosie, le musicien vagabond un rien simplet. Le réalisateur mexicain décide alors de contacter le jeune acteur et lui offre le rôle de Patric dans Les Fils de l'homme.
Emma Watson, quant à elle, était déjà connue du réalisateur pour avoir tourné avec lui dans Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, mais l'actrice déjà engagée pour la suite Harry Potter et la coupe de feu sous la direction de Mike Newell, n'avait pu se libérer du tournage. Ce fut donc Claire-Hope Ashitey, qui fut choisie pour son deuxième rôle dans un film après Shooting Dogs de Michael Caton-Jones.
Anectodes de tournage
La voiture jaune conduite par Theo lorsqu'il se rend à la maison de Jasper est basée sur une Citroen CX, dont la production a débuté en 1974. L'intérieur et la partie de l'extérieur de l'habitacle du véhicule ont été modifiés pour convenir au design et à la temporalité du film. D'autres voitures modifiées sont également visibles dans le film : les exemples notables sont un Fiat Multipla et une Renault Avantime.
Vers le milieu du film, on peut distinguer une image taggée au pochoir sur un mur montrant deux policiers qui s'embrassent : cette oeuvre a été créée par "Banksy", un "artiste de guérilla" britannique, comme il se définit lui-même, qui se spécialise dans ce type de travail.
Les Fils de l'homme est truffé de plans-séquences qui contribuent à l'impression de course-poursuite tout au long du film. Certains plans constituent de véritables prouesses techniques, notamment la scène dans l'immeuble juste avant la fin même si ce plan-séquence semble en fait coupé en deux : le raccord semblant se faire dans la zone d'ombre lorsque Theo pénètre dans l'immeuble.
Extraits du film, Théo, narrateur :
"Je ne me souviens plus très bien à quel moment j'ai commencé à perdre espoir et encore moins à quel moment tout le monde à commencé à le perdre. Franchement à partir du moment où les femmes ne peuvent plus avoir d'enfant, en quoi pourrait-on bien avoir espoir ?."
Emmanuel Lubezki, directeur de la photographie :
"La caméra est ici un personnage à part entière. Un personnage inquisiteur, nerveux, qui vous jette au coeur de l'action et vous donne le sentiment de la vivre en direct...».
Alfonso Cuaron, réalisateur :
"Les fils de l'homme ne donne pas une vision pessimiste du futur mais l'illusion réaliste du présent. J'ai beaucoup d'espoir pour le futur."
Les Fils de l'homme (Children of Men), 2006, Alfonso Cuarón, Etats-Unis/ Grande-Bretagne/Japon.
Couleurs. Son : Dolby Digital / SDDS / DTS.
Ratio d'image : 1.85.
Durée : 1h49.
Sociétés de production : Universal Pictures, Strike Entertainment, Hit & Run Productions, Quietus Productions Ltd..
Distributeurs : Universal Pictures, United International Pictures (UIP).
Réalisateur : Alfonso Cuarón.
Scénario : Alfonso Cuaron, Timothy J. Sexton, David Arata, Hawk Ostby et Mark Fergus d'après le roman de P.D. James.
Producteurs : Marc Abraham, Eric Newman, Hilary Shor, Iain Smith, Tony Smith.
Producteurs exécutifs : Armyan Bernstein, Thomas A. Bliss.
Direction artistique : Ray Chan, Paul Inglis, Stuart Rose, Mike Stallion.
Décorateur de plateau : Jennifer Williams.
Création des décors : Jim Clay, Geoffrey Kirkland. Costumes : Jany Temime.
Distribution des rôles : Lucinda Syson.
Directeur de la photo : Emmanuel Lubezki.Montage : Alex Rodríguez.
Musique : John Tavener.
Effets spéciaux (sociétés) : Millennium FX Ltd.
Interprètes : Clive Owen (Theo Faron), Julianne Moore (Julian), Michael Caine (Jasper), Chiwetel Ejiofor (Luke), Danny Huston (Nigel), Peter Mullan (Syd), Charlie Hunnam (Patric), Claire-Hope Ashitey (Kee)...
Date de sortie française : 18 octobre 2006.
Budget estimé : 76M$
Recettes mondiales : 70M$
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
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