ALIEN, LE 8EME PASSAGER (1979)

L'HISTOIRE

Après une mission d'exploration dans la galaxie, en vue de ramener du minerai, le gigantesque cargo spatial "Nostromo" est sur la route du retour sur Terre.

 

L'équipage est composé de cinq hommes et deux femmes. L'ordinateur de bord signale la présence d'une forme de vie inconnue sur un planète proche... Les membres de l'équipage organisent une sortie et découvrent des œufs étranges sur le sol de la planète.

 

De retour sur le vaisseau, au cours d'un repas, un des hommes pris d'un mal de ventre, voit son thorax transpercé par un monstre qui jaillit hors de son corps. L'ordinateur surnomme cette créature du nom d'Alien...

 

Massacrant un à un l'équipage, l'Alien se retrouve seul avec Ripley qui va tenter de se débarrasser du monstre...


L'AVIS DE SF-STORY *****

Alien mêle habilement la science-fiction et l'horreur. La scène la plus répugnante -et donc la plus réussie- est peut être celle où John Hurt voit sa cage thoracique perforée par un alien surgissant de son ventre.

 

Le film, puis toute la série, mettent surtout en vedette un héros nouveau, sûrement le personnage féminin le plus fort de tout le cinéma : Ripley (Sigourney Weaver). Elle porte littéralement toute la série et ravit même la vedette à l'Alien, créature noire, fuyante, visqueuse... Ripley, c'est la lumière, l'humanité... Sigourney Weaver est parvenue avec ce rôle à exprimer la vulnérabilité, la peur en interprétant un héros moderne féminin qui, compte tenu de la situation, ne peut pas se permettre d'être autre chose qu'un guerrier agressif !

 

La peur qui gagne peu à peu le spectateur est due à un angoissant huis clos qui s'instaure peu à peu, assez semblable à celui du remake de "La chose d'un autre monde" de John Carpenter : "The thing".

 

Le lieu est limité au vaisseau spatial, décor quasi unique du film hormis l'incursion sur la planète mais traitée presque en totalité en regardant sur les écrans de visualisation du vaisseau ! Le décor du vaisseau baigne dans une ambiance très sombre, glauque, gluante, humide qui contribue également à obtenir un climat oppressant et claustrophobe.

 

Avec ce film, la science-fiction moderne prend une nouvelle marque de reconnaissance : le genre peut dépasser les limites conventionnelles et aborder des thèmes limitrophes comme l'horreur, mais surtout, il devient intelligent : il n'y a plus besoin d'afficher des combats titanesques de vaisseaux spatiaux à l'écran, le combat entre Sigourney Weaver(Ripley) et l'Alien tient plus à la psychologie et à la ruse qu'à la force ou la puissance d'un rayon laser.

 

Sans armure particulière, elle s'offre même le luxe de combattre à mains nues, en tee-shirt et petite culotte! La frêle Sigourney Weaver contre Alien, ce ne serait pas un peu David contre Goliath : c'est la lutte éternelle de la Belle face à la bête immonde, mais quel renouvellement 


HORS-CHAMP

 Une autopsie improvisée

 

Selon certaines sources, la scène où l'alien surgit en explosant le ventre de Kane, interprétée par John Hurt a été en partie improvisée. Le scénario avait bien sur été divulgué à l'ensemble des acteurs mais certains n'avaient pas été mis au courant des détails de la scène. Veronica Cartwright ne s'attendait pas à être inondée d'un liquide rougeâtre ressemblant à du sang. Résultat : une attitude bien plus dégouttée et réaliste à l'écran. Quand à la carcasse sur laquelle le docteur Ash pratique une autopsie, elle est essentiellement composée de fruits de mer, afin de recréer visuellement les organes internes de l'alien.

 

Beaucoup d'improvisation également au niveau des dialogues du film qui n'ont pas été entièrement écrits. Le réalisateur privilégiant les talents d'improvisation des acteurs du film qui ne connaissaient que la trame dramatique de la scène qu'ils devaient interpréter.

 

Pas de happy end

 

Le réalisateur aurait aimé une fin beaucoup plus sombre pour son film.  Il souhaitait un final où la créature tue sauvagement le lieutenant Ripley lors d'un face-à-face final dans la nacelle spatiale. Un dernier plan aurait montré l'Alien qui s'assoit et prenant la voix de Ripley en envoyant un message rassurant d'arrivée sur la planète Terre. Mais le réalisateur n'avait pas le "final cut" et la société de production 20th Century Fox n'était pas très enthousiaste à l'idée d'une fin aussi sombre!

 

 Un alien bien différent

 

Alien nous présente l'envahisseur extra-terrestre le plus terrifiant jamais conçu : il est l'œuvre de l'artiste suisse surréaliste . Ridley Scott eut l'idée d'utiliser ses services en contemplant ses tableaux qu'il trouvait dérangeants et proches de l'esprit du futur film. Pourtant, le design de l'Alien a du néanmoins être retravaillé de maintes fois : les dessins originaux de l'artiste suisse étaient en effet explicitement sexuels, et tout à fait en désaccord avec les volontés du studio...

Pour la créature, Giger s'est inspiré d'un mélange de fragments organiques avec des pièces mécaniques. La maquette a été ainsi conçue avec de vrais ossements assemblés avec de la plasticine sur des tuyaux et des pièces de moteur. Cette nouvelle forme d'art contemporain sera nommée par ses soins la "biomécanique".

 

Pas moins de trois créatures "Alien" ont été utilisées pour le film : l'une servait de modèle, tandis que les deux autres étaient des costumes, l'un pour un cascadeur, et l'autre pour l'acteur géant Bolaji Badejo, originaire d'une tribu Masai. La partie frontale du corps de l'Alien a été réalisé à partir d'un moulage effectué sur un vrai crâne humain.

 

 Ripley

 

Lors de la première mouture du scénario, le lieutenant Ripley devait être un homme. Ce ne fut que beaucoup plus tard que le choix se porta sur une personnage féminin.

 

Sigourney Weaver avait effectué ses premiers pas cinématographiques sous la direction de Woody Allen dans la comédie dramatique Annie Hall (1977), mais sa scène de figurante ne dure que six secondes! Elle est pourtant choisie particulièrement pour son physique androgyne.

 

 Décors

 

Tous les décors du fantastique vaisseau Nostromo où se déroule la totalité du huis-clos ont été construits aux studios de Shepperton, dans la banlieue londonienne :sous la conduite de plusieurs directeurs artistiques. La maquette du vaisseau quant à elle mesure deux mètres quarante de longs : une nécessité pour réaliser les mini-travellings lorsque le Nostromo se déplace dans l'espace.

 

Multiples récompenses

 

Alien récompensé : au-delà du grand succès en salles, Alien a été récompensé par l'Oscar des effets spéciaux en 1980, ainsi que trois Saturn Award (le prix scar décerné aux films fantastiques et de science-fiction) dans les catégories Meilleur réalisateur (Ridley Scott), Meilleure actrice dans un second rôle (Veronica Cartwright) et Meilleur film de science-fiction. Le réalisateur Walter Hill avait longtemps souhaité prendre les commandes du film, qui fut finalement confié à Ridley Scott. Néanmoins, il sera l'un des scénaristes (non-crédité), et le film lui permettra également d'être un des heureux producteurs. Le premier volet de la saga Alien, ne couta à l'époque que 11 millions de dollars mais connu un succès international engrangeant ainsi plus de 80 millions de dollars de recettes rien qu'aux Etats-Unis. Sur le sol français, le film dépassa la barre des trois millions d'entrées. 

 

Générique symbolique

 

Dans le générique du film, les sept traits initiaux se transforment en titre du film. Ce graphisme, volontairement très épuré, est en fait très significatif : il annonce les sept victimes de la créature extra-terrestre durant le film .

 

Une scène d'amour plus ou moins explicite entre Dallas et Ripley était prévue dans le script original, mais celle-ci n'a jamais été tournée.

 

Le chiffre : la série Alien rapportera 400 millions de dollars dans le monde entier.

 

La série Alien comptait, en 1999, 4 volets : Alien (1979), Aliens-Le retour (1986), Alien3 (1992) et Alien, Résurrection (1997).


REALISATEUR ET ACTEURS

Ridley Scott : avant de l'être au cinéma, ce nom est déjà connu dans les milieux publicitaires. Créateur de sa propre compagnie de production, il a réalisé plus de 3000 spots publicitaires ; notamment une publicité pour Apple ayant pour thème "1984" d'Orwell.

 

Il a signé deux œuvres importantes du cinéma fantastique des vingt dernières années : "Alien" et "Blade Runner"(1982). 

Ridley Scott a toujours apprécié les femmes fortes dans ses œuvres. En plus, ces personnages de sexe pas si faible lui portent chance. D'Alien à Thelma et Louise, il a remporté ses plus beaux lauriers grâce à elles. Scott a réalisé le premier Alien. Ce qui en fait un grand réalisateur, sans hésitation. Car non content d'en faire un gros hit, son "œuf" devient culte et se fait référencer à ce jour dans presque 20 films - de Ferris Bueller à Toy Story en passant par Mel Brooks. Ne serait-ce que la scène de naissance thoracique...si connue que certains en cauchemardent encore. Alien, grâce à Scott, c'est le symbole de l'horreur, de la peur, de la mort. Répugnante, évidemment. Mais loin d'en faire une série B pour vidéos d'Halloween, et grâce à ses talents esthétiques (un point commun partagé par ses successeurs), Ridley Scott fait d'Alien une œuvre maîtresse du genre. Ni blockbuster à la Spielberg (Jaws), ni grand spectacle spatial ou dramatique (Coppola, Lucas). Scott initie un style et une manière de filmer qui influenceront la pub, les clips, bref la pop-culture plus que le 7ème art.

 

Autres réalisations : Legend (1985), Thelma et Louise (1991) et G.I.Jane (1997).

 

Sigourney Weaver a servi la réalisation de nombreux cinéastes : Woody Allen, Peter Weir, mais c'est probablement son personnage de Ripley dans la série Alien qui marquera incontestablement sa carrière.

 

Elle a su avec ce rôle offrir le premier héros féminin moderne dans un film de science-fiction alliant le courage, la force de caractère, mais également la vulnérabilité. Au delà de son rôle, elle a même participé à l'écriture des opus 3 et 4, étant même productrice où elle a développé l'esprit de féminité de son personnage presque exclusivement entouré d'hommes. Dans Alien, Résurrection, Ripley fait un pas de plus vers l'abnégation, puisque son personnage est rematérialisé dans un nouveau corps...

 


GENERIQUE

Alien, le 8 ème passager, 1979, Ridley Scott, Grande-Bretagne, 1h57. Cinémascope. Color DeLuxe. Son : 70 mm 6-pistes / Dolby 

Titre de production : Star Beast.

Production : 20th Century Fox, Brandywine Productions Ltd.

Distribution : 20th Century Fox Film Corporation.

Producteurs : Gordon Carroll, David Giler, Walter Hill.

Producteur associé : Ivor Powell. Producteur exécutif : Ronald Shusett.

Scénario : Dan O'Bannon, d'après une histoire de Dan O'Bannon et Ronald Shuset.

Montage : Terry Rawlings, Peter Weatherley.

Photographie : Derek Wanlint. Directeur de production : Michael Seymour

Directeur artistique : Roger Christian, Leslie Dilley.

Décorateur : Ian Whittaker.

Costumes : John Mollo. Conception artistique : Ron Cobb.

Conception du monstre : H.R. Giger.

Effets spéciaux : Brian Johnson (superviseur), Carlo Rambaldi (effets de la tête de l'Alien), Nick Allder (superviseur), Clinton Cavers, Bernard Lodge.

Effets spéciaux optiques (société) : Filmfex Animation Services Ltd..

Musique originale : Jerry Goldsmith. Musique : Howard Hanson (Symphonie N°2), Wolfgang Amadeus Mozart ("Petite musique de nuit").

Interprètes : Tom Skeritt (Dallas), Sigourney Weaver (Ripley), Veronica Cartwright (Lambert), Harry Dean Stanton (Brett), John Hurt (Kane), Ian Holm (Ash), Yaphet Kotto (Parker), Bolaji Badejo (l'alien) et Helen Horton (La voix de Mère)...

 



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