DISTRICT9 (2009)

L'histoire

Il y a vingt-huit ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre...

 

Ces visiteurs d'au-delà des étoiles étaient des réfugiés et furent installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire...

 

Depuis, la gestion de la situation a été transférée au MNU (Multi-National United), une société privée qui n'a pas grand-chose à faire du sort de ces créatures, mais qui fera d'énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner leur extraordinaire armement.

 

Jusqu'à présent, toutes les tentatives ont échoué : pour que les armes marchent, il faut de l'ADN extraterrestre. La tension entre extraterrestres et humains atteint son maximum lorsque le MNU commence à évacuer les non-humains du District 9 vers un nouveau camp, en envoyant des agents de terrain s'occuper de leur transfert.

 

L'un de ces agents, Wikus van der Merwe, contracte un virus extraterrestre qui se met à modifier son ADN. Wikus est à présent l'homme le plus recherché de la planète, celui qui vaut plus qu'une fortune : il est la clé qui permettra de percer le secret de la technologie alien.

 

Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu'un seul endroit où se cacher : le District 9...

 


L'AVIS DE SF-STORY ****

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+  La dénonciation de l'apartheid, une critique virulente la société, un film S-F engagé

+  Filmé de manière quasi documentaire

+  Le final sombre mais ancré dans l'actualité

-   Je vois rien...

 

 

District9 est bien le film le moins attendu et le plus réussi de 2009 pourtant mis à part son producteur, Peter Jackson, rien ne laissait augurer une si bonne surprise. Pas d'acteur célèbre en tête d'affiche, un réalisateur peu connu et une histoire se déroulant en Afrique du Sud au lieu des sempiternels New-York ou Los Angeles !

 

Le décor mis en place, les bonnes idées sont là : les extra-terrestres sont ici des étrangers, rejetés par la population et dont les autorités se seraient bien passées. Ils sont parqués dans le District 9, un immense bidonville, un no man's land à proximité de Johannesbourg. Sans dévoiler la totalité de l'histoire qui est également une belle réussite scénaristique, le membre de la MNU prétentieux du début va s'immerger dans la problématique alien par accident.

 

Il appréhendera ainsi les facettes de l'homme à la fois opportuniste (il veut utiliser les technologies aliens), manipulateur, hostile devant l'inconnu (le rejet de l'alien, de l'autre) … Le film, très documentaire dans sa première partie à base d'interviews et d'archives, laisse place, dès que le personnage principal est impliqué dans le script, à une sorte de caméra à l'épaule dans le style Cloverfield, mais sans le maniérisme outrancier. Le film, montre ainsi plusieurs changements de rythme, porté à son paroxysme dans une dernière partie très visuelle et dynamique plongeant dans l'action pure.

 

Au-delà de la réussite de forme, District9 est aussi une dénonciation de l'être humain, montré ici comme un lâche ou un manipulateur. La critique de notre société est virulente, les perversions de notre monde sont montrés dans leurs travers les plus abjectes : le racisme par le rejet de l'autre (le déplacement des aliens de la vue des citadins de la capitale Sud-Africaine offre des échos dans notre propre pays), rejet de l’eugénisme (la science au service de la technologie guerrière). Blomkamp emprunte pour cela des chemins déjà balisés par Cronenberg dans son film La Mouche (la transformation progressive du héros) où à Enemy Mine de Wolfgang Petersen (l'affrontement psychologique Homme/alien).

 

L'alchimie finale donne un film sombre mais actuel, un film de science-fiction engagé montrant les antagonismes d'une société devant elle aussi faire face à des choix cruciaux.

 

HORS-CHAMP*

Alan Moore et Dave Gibbons

 

District 9 est le premier film du jeune réalisateur de publicités et spécialiste des effets visuels Neill Blomkamp. A l'origine, il devait adapter au cinéma le jeu vidéo Halo mais le projet fut abandonné car jugé trop coûteux par les studios. Il s'orienta alors vers l'adaptation en film de son court un nouveau projet Alive in Joburg, produit par Neill Blomkamp, Sharlto Copley, Simon Hansen et Shanon Worley, qui immergeait le spectateur dans un Johannesburg fictif, victime des problèmes d'intégration d'extraterrestres.

 

On pouvait déjà y découvrir Copley incarnant Wikus dans District 9, étant également producteur de ce court métrage. La trame narrative du film est déjà présente : un montage d'interviews de diverses personnalités de la ville. Là aussi les extra-terrestres sont " ghettoisés " dans des camps et travaillent comme des esclaves.

 

Pour cette adaptation, produite par Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux), Blomkamp récolte un budget de 30 millions de dollars, somme d'ailleurs rentabilisée aux Etats-Unis dès le premier week-end d'exploitation.

 

Extra-terrestres du sud

 

Le mélange savamment dosé de fiction et d'évocation de la réalité sud-africaine donne tout le ton subtil du film. Blomkamp utilise le véhicule de la science-fiction. Le film prend la forme d'un reportage sur Wikus van der Merwe, un employé de la MNU (Multi-National United), une agence internationale gérant la problématique extraterrestre. Ces derniers surnommés péjorativement " crevettes ", sont malades et affamés, enfermés dans un immense ghetto, le District 9, depuis leur arrivée sur terre à bord d'un immense vaisseau tombé en panne il y a plus de vingt ans, en lévitation au-dessus de Johannesburg.

 

Wikus van der Merwe, un petit fonctionnaire guilleret et sans état d'âme, a été chargé par son beau-père, un important responsable de la MNU, de superviser Dans le ghetto alien, il est suivi par une équipe de télévision filmant l'évacuation des extra-terrestres vers leur nouveau camp, à 200 km de la ville.

 

Lors de ces opérations, Wikus tombe par hasard sur un laboratoire de fortune, où un extraterrestre connu sous le nom de Christopher Johnson (les extra-terrestres ont été nommés avec des nom d'emprunt terriens comme le furent les esclaves noirs arrivant en Amérique), vient mettre au point un mystérieux fluide. Wikus s'empare d'un vaporisateur contenant le produit avant d'en être aspergé. Contaminé par de l'ADN extra-terrestre, il commence alors à muter…

 

Effets spéciaux made in WETA Workshop

 

Pour développer les créatures de District 9, Neill Blomkamp a fait appel aux artistes de WETA Workshop. Pour la création des extraterrestres, l'équipe du film a utilisé autant d'effets visuels que d'effets spéciaux physiques. Jason Cope, qui interprète l'extraterrestre Christopher Johnson, a aussi prêté son corps à une dizaine de personnages différents. Sa silhouette ayant ensuite été effacée afin d'ajouter la créature réalisée en 3D par les infographistes du studio Weta. "J'essayais de jouer comme un animal ou insecte, mais je n'utilisais pas non plus une gestuelle humaine " déclare Jason Cope.

Le choix du design des créatures a été crucial, le réalisateur ne souhaitait pas des extraterrestres attirants ou trop touchants mais plutôt guerriers et effrayants. Blomkamp s'explique : "Je ne sais pas exactement pourquoi cette image particulière m'est venue en tête, mais c'était bien un alien insectoïde que j'imaginais dans cette environnement."

 

Le travail de Weta Workshop consistait à animer ces créatures orchestré par le superviseur des effets spéciaux Joe Dunckley : "Les aliens ont des articulations fines et sinueuses, proches de celles des langoustes. Ils sont conçus pour être visuellement dégoûtants. Ils secrètent une sorte de matière visqueuse. Nous avons utilisé différentes sortes de matières gélatineuses pour leur donner la brillance organique qui les rend vivants à l'image".

 

Le petit extra-terrestre a été réalisé sous la forme d'un mannequin hyperréaliste en silicone, mais il a seulement servi de référence aux équipes de SFX visuels.

Immersion dans le bidonville

 

Tout le tournage du film s'est déroulé à Tshiawelo, dans la banlieue de Soweto. Les cabanons de tôles et de planches récupérées que l'on voit dans le film étaient présentes avant que l'équipe de tournage n'investissent les lieux. Toutes ces habitations précaires ou détruites ont été achetées par la production et reconstruites avec les mêmes matériaux par l'équipe du chef décorateur Philip Ivey. Au moment du tournage, les résidents devaient déménager dans de meilleurs logements publics. La seule cabane créée uniquement pour filmer était celle de Christopher Johnson. 

 

 

Cela a permit de ne pas travailler sur le vieillissement artificiel du bidonville et le résultat donne beaucoup plus d'authenticité. Les prises de vue ont été réalisées en hiver, période plus apte retranscrire l'aspect poussiéreux et désertique des lieux.

 

"Je voulais un décor aride, une sorte de paysage urbain à l'abandon. En hiver, quand vous regardez autour de vous, il y a des feux, des cendres et de la poussière partout, et la pollution vous empêche de voir l'horizon". déclare Neill Blomkamp.

 

Le réalisateur, originaire d'Afrique du Sud, souhaitait absolument tourner dans la ville de Johannesburg : "Nous n'aurions jamais pu reproduire ailleurs tout ce que nous avons à Johannesburg. Il y a trop de détails visuels ici, la poussière, les barbelés, la mauvaise herbe, c'est très riche sur le plan visuel. Pour qu'un film comme celui-ci fonctionne, je pense qu'il faut un certain degré de réalisme, de pollution et de crasse."

Les parallèles entre l'histoire de l'Afrique du Sud et le film sont nombreux. Les Aliens sont l'incarnation des citoyens de seconde classe tels que le furent les Noirs lors de la politique de ségrégation raciale, abolie seulement le 30 juin 1991 !

 

Le titre du film lui-même est inspiré d’événements ayant eu lieu en 1966, pendant la période de l'apartheid. Le District 6 était une zone résidentielle blanche prisée d'un quartier sensible du Cap. De fait, elle fut déclarée comme zone réservée aux " blancs " par le gouvernement. 60 000 personnes y furent déplacées et relogées de force à Cape Flats, une zone à plus de 25 kilomètres plus loin. Le film fait également référence aux expulsions contemporaines vers les nouveaux ghettos de banlieue dans l'Afrique du Sud post apartheid et à la résistance de leur habitants.

 

Aujourd'hui, plus de 12 millions d'Africains du sud vivent dans des cabanes sans électricité, hygiène ou collecte d'ordures. En 2007, les autorités ont créé un programme d'élimination de ces taudis. Des dizaines de milliers d'habitants de ces cabanes sont en danger de l'expulsion, et seront déplacés dans zones de transit avant d'être relogés…

 

Pour montrer encore plus précisément l'ancrage dans la réalité, et même si Neill Blomkamp a mis en scène la majeure partie des séquences du film, il a également pioché dans les fonds d'images et de films tournées par la South African Broadcasting Corporation, Reuters, et d'autres agences de presse…

 

Sharlto Copley (Wikus Van De Merwe), Peter Jackson et Neill Blomkamp sur le tournage

Anecdotes de tournage

 

Un budget symbolique de 30 millions de dollars : c'est une somme identique que Robert Zemeckis (Retour vers le futur) avait confié à Peter Jackson pour la réalisation de son premier film hollywoodien, Fantômes contre Fantômes !

 

Certaines scènes où apparaissent des soldats de la MNU sont une référence à l'un des courts métrage du réalisateur : Halo Landfall.

 

La campagne de marketing viral a été organisé à partir du site Apple avec la diffusion de la bande annonce puis grâce à plusieurs sites dont MNUSpreadsLies.com. Ce blog géré par un dénommé Paul, défenseur des droits des Non-Humains. Ses messages postés régulièrement informent sur l'oppression de la MNU, et apporte des détails sur les agissements de MNU utilisant des procédés technologiques de "non-humains" à des fins hostiles.

 

Le terme péjoratif "crevette" utilisé au début du film pour parler des extraterrestres, fait référence à la "crevette de Parktown", une variété de criquet royal sud-africain considéré comme un fléau dans le pays car s'attaquant aux cultures. Le langage utilisé par les extraterrestres tel un cliquetis a été créé en frottant une citrouille!

 

Le générique de fin est inversé, avec les noms des acteurs à gauche et les noms des personnages à droite. Contrairement à la plupart des films où c'est l'inverse. 

 

Environ six fins différentes ont été créées pendant le tournage...

 

PHOTOS

© Metropolitan Filmexport

AFFICHES

 

Neill Blomkamp, réalisateur:

 

"Le film imite les dépêches dont les chaînes de télévision, Internet et d'autres sources d'information nous inondent en continu. C'est un peu comme si vous découvriez une seule et même histoire au travers de plusieurs médias. Autrefois, on découvrait un sujet dans un seul journal. Aujourd'hui, les images et les écrans sont partout, et nous nous sommes habitués à vivre avec cette profusion. De plus, l'avènement de la téléréalité a encore davantage brouillé la frontière entre la réalité et le divertissement."

 

 

Sharlto Copley , acteur (Vikus Van De Merwe):

"Les différences de culture et de valeurs sont le plus grand défi auquel les gens sont confontés. Je pense que c'est le cas partout dans le monde : on essaie de ne pas aborder les sujets sensibles. Je ne crois pas que les gens refusent de voir la vérité, mais d'une façon plus positive, qu'ils essaient de se concentrer sur les valeurs communes. Une chose que l'Afrique du Sud a su faire, c'est permettre cette transition, débutée en 1994, car le passage pacifique vers la démocratie s'est fait en créant un espace permettant les sujets douloureux, comme la Commission Vérité et Réconciliation".


GENERIQUE

District 9 (District 9), 2009, Neill Blomkamp, Afrique du sud/USA/Nouvelle-Zélande/Canada.

Langues : Anglais/Nyanja/Afrikaans.

Format : 1.85/1. Couleurs.

Son : Dolby Digital / SDDS / DTS .

Réalisateur : Neill Blomkamp.

Durée : 1h52.

Sociétés de production : TriStar Pictures, Block / Hanson, QED International, WingNut Films, Key Creatives.

Distributeur français : Metropolitan Filmexport.

Producteurs : Carolynne Cunningham, Peter Jackson.

Producteurs exécutifs : Bill Block, Ken Kamins.

Co-producteurs : Philippa Boyens. 

Co-produteurs exécutifs : Elliot Ferwerda, Paul Hanson.

Producteur superviseur : Michael S. Murphey.

Scénario : Neill Blomkamp et Terri Tatchell.

Sociétés d'effets spéciaux : The Embassy, Image Engine Design (effets visuels), MXFX Special Effects, Weta Digital, Weta Workshop, XYZ-RGB.

Montage : Julian Clarke.  

Directeur de la photographie : Trent Opaloch.

Distribution des rôles : Denton Douglas.

Décorateur de plateau : Guy Potgieter.

Créations des décors : Philip Ivey.

Directeur de production : Steven St. Arnaud.

Direction artistique : Emilia Roux.

Création des costumes : Dianna Cilliers.

Musique originale : Clinton Shorter.

Interprètes : Sharlto Copley (Wikus Van De Merwe), Jason Cope (Grey Bradnam), Nathalie Boltt .(Sarah Livingstone - Sociologue), Sylvaine Strike (Dr Katrina McKenzie), Elizabeth Mkandawie (Interviewé), John Sumner .(Les Feldman), William Allen Young (Dirk Michaels), Greg Melvill-Smith (Intervieweur), Nick Blake (Francois Moraneu)...

Date de sortie française : 16 septembre 2009.

Sortie USA : 14 août 2009.

Budget estimé : 30M$

Recettes mondiales cumulées : 210M$

 

 

 



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