Un groupe d'adolescents participe à un concours annuel appelé « La Longue Marche », où ils doivent maintenir une certaine vitesse de marche sous peine de se faire tirer dessus.
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Par le réalisateur de Hunger Games, le tout premier roman de Stephen King (signé Richard Bachman à sa sortie) porté à l'écran 46 ans après sa parution.
- Une histoire trop impitoyable pour être vue?
Adapté du roman The Long Walk de Stephen King, Marche ou Crève de Francis Lawrence s’inscrit dans la veine du cinéma post-apocalyptique (ici une guerre civile en filigrane), où la démonstration de la survie devient l’unité de mesure du pouvoir. Dans ce futur autoritaire, cent adolescents doivent marcher sans jamais s’arrêter — une seule règle, absolue et terrifiante : ralentir, c’est mourir. Lawrence préfère à la grandiloquence du spectacle une tension minimaliste, on ne verra jamais ce que voit les spectateurs sensés suivre la marche puisque c'est nous qui sommes devant cet affligeant carnage hypnotique. Ici, l’horreur n’est pas une explosion, mais une lente combustion : celle des chevilles qui se brisent, des esprits qui s'échauffent. La marche devient un rituel sacrificiel, une métaphore désespérée de la condition humaine : avancer parce qu’il n’y a rien d’autre à faire.
Paradoxe : la monotonie, assumée, crée le vertige. Les mêmes silhouettes, la même route, le même souffle épuisé… et pourtant, la tension monte, insidieuse, kilomètres après kilomètres. Cette austérité visuelle, faite de poussière, de sang séché et de silence, filmée de face à hauteur d'homme, transforme la répétition en tragédie rituelle alignant les morts comme un métronome.
Francis Lawrence, technicien irréprochable (I Am Legend, Hunger Games), signe ici un film d’une cohérence formelle indéniable (les flashbacks nécessaires à l'histoire auraient pu être énoncés et non montrés), mais cet ascétisme peu finir par épuiser le spectateur. L’atmosphère — fascinante, suffocante — d’une Amérique fantomatique où la discipline devient arme politique et où l’obéissance tient lieu de foi, améliorant comme le dit Le Majour, la productivité du pays !
Marche ou Crève, c'est une odyssée sans retour, sans délivrance ni récompense au bout. reste une œuvre imparfaite mais audacieuse
Une adaptation longtemps retardée
De l'adaptation très attendue du premier roman écrit par le maître conteur Stephen King et de Francis Lawrence, le réalisateur des films de la franchise Hunger Games (L'embrasement, La Révolte 1ère et deuxième partie, La Ballade de l'oiseau chanteur et du serpent), revient avec Marche ou Crève (The Long Walk), qui s'annonce comme un thriller intense, effrayant et émouvant mettant le public au défi de faire face à une question obsédante : jusqu'où pourriez-vous aller ?
La volonté d'adaptation est ancienne puisque George A. Romero avait déjà été choisi pour réaliser un projet de film -avorté- de "The Long Walk" en 1988, soit 21 ans après l'écriture de ce premier roman de Stephen King... qui ne fut publié qu'en 1979 sous le pseudonyme désormais bien connu de Richard Bachman.
Au milieu des années 2000, le producteur et réalisateur Frank Darabont (Les évadés, La ligne Verte) rachète les droits du roman, avec l'intention de réaliser le film, mais après de nombreuses années sans avancée notable sur le projet, les droits ont expiré. Finalement c'est la société de production Lionsgate Films qui porte le roman à l'écran.
Une expérience sociale
Le tournage du film s'est déroulé principalement au Manitoba (Canada) sur une autoroute, autour de Winnipeg et dans la petite ville de Garson du 24 juillet au 12 septembre 2024. Sa production s'est achevée le 4 octobre de cette même année.
Les acteurs ont dû marcher entre 13 à 24 km, reflétant l’intensité physique de la marche interminable du récit. Le tournage s’est fait dans l’ordre chronologique du scénario, une démarche rare afin de renforcer l’évolution émotionnelle et psychologique des personnages.
Le réalisateur Francis Lawrence a insisté sur le respect du ton brutal du roman et un classement R-rated (interdit aux moins de 17 ans aux Etats-Unis) lui permettant de coller parfaitement à l'ambiance brutale du roman.
Cela a permis au scénariste JT Mollner de conserver le propos terrifiant et palpitant du roman de Stephen King : "Nous tenions absolument à conserver la beauté et l'amour de cette histoire d'amitié, mais aussi la brutalité, le désespoir et la terreur. Je suis extrêmement reconnaissant d'avoir pu conserver la force du livre."
De la marche
Dans un interview, le réalisateur Francis Lawrence et l'acteur Ben Wang ont expliqué comment la nature exténuante du tournage a finalement créé un lien fort entre les acteurs. "Nous avons tourné ce film chronologiquement", a déclaré le réalisateur Francis Lawrence. "Lorsque tout le monde s'est retrouvé et s'est rencontré pour la première fois dans le film, les acteurs se sont rencotrés pour la première fois et ont vécu cette expérience ensemble : l'aspect physique de ce travail, qui consiste à marcher parfois 30 000 pas par jour et à effectuer ces très, très longues prises, a, je pense, créé un lien."
Le retour de Luke Skywalker
En 2019, Mark Hamill (Luke Skywalker dans Star Wars) avait déclaré qu'il avait décidé de se retirer du cinéma. "Je pensais qu'à ce stade de ma carrière, je passerais plus de temps avec un détecteur de métaux, à flâner sur la plage, à jouer avec les chiens dans le jardin… J'ai dit à mon agent : "Tu sais quoi ? Je n'ai plus de motivation. Je pense que je vais prendre ma retraite et me contenter de faire du doublage."
Pourtant c'est le cinéaste Mike Flanagan qui relance sa carrière en le choisissant pour sa série Netflix La Chute de la maison Usher dans le rôle d'un avocat amoral et sociopathe. Flanagan a encore choisi Hamill pour incarner un comptable alcoolique et le grand-père du personnage principal de La Vie de Chuck (2024). Il avait été aussi la voix de Thorn, le grizzly, dans la V.O. du film Le robot Sauvage (2024) de Chris Sanders.
Pour Marche ou crève, lorsque le réalisateur Francis Lawrence l'a contacté pour interpréter le rôle du Major, cela lui a immédiatement rappelé son adolescence au Japon, où il allait à l'école près d'une base militaire américaine : il est le fils d'un ancien capitaine de la US Navy. Mark Hamill a déclaré : "Je sais qui est Le Major, je l'ai vu de mes propres yeux. Je traversais un parking et je voyais un militaire mettre des soldats à rude épreuve sous un soleil de plomb, et ils étaient tout simplement brutaux. Ils vous forçaient à vomir. C'était horrible."
L'acteur compare aussi le Major à un autre célèbre méchant : le Joker de Batman. "C'est amusant d'incarner un méchant, car ils ne se considèrent pas comme des méchants, ils font juste leur travail. À chaque fois qu'on peut semer le chaos, c'est presque aussi satisfaisant d'être détesté par le public que d'être aimé."
L'acteur a aussi déclaré que les jeunes acteurs dont Cooper Hoffman (Raymond Garraty #47) étaient réticents de le rencontrer car ils avaient peur de l'apprécier et que garder une distance avec lui, leurs permettaient de mieux rentrer dans leur rôle pour jouer face au personnage interprété par Hamill, qui impose les règles du jeu mortel aux jeunes. Ce dernier a déclaré : "Si ses jeunes partenaires venaient me voir je leur parlais. Certains voulaient rester à l'écart, pour des raisons évidentes. Parce que je suis leur ennemi juré. Je suis l'antagoniste."
Tout a changé dès la fin du tournage, a ajouté Hamill : "Dès qu'on a tourné le dernier plan avec Cooper, il est immédiatement venu dans ma caravane et on a discuté pendant des heures."
© 2025 Lionsgate - Tous droits réservés.
Marche ou crève (The Long Walk), 2025, Francis Lawrence, États-Unis /
Canada.
Son : DTS:X, 12-Track Digital Sound, Dolby Atmos.
Format d'image : 2.39. Couleurs.
Réalisateur : Francis Lawrence. Durée : 1h48.
Productions : Vertigo Entertainment avec la participation de Manitoba Film and Video Tax Credit Program, Media Capital Technologies.
Distribution France :
Producteurs : Francis Lawrence, Roy Lee, Cameron MacConomy, Steven Schneider.
Co-producteurs : Rhonda Baker, Ellen Rutter, Carrie Wilkins.
Producteur exécutifs : Andrew Childs, K. Blaine Johnston, Stephen King, Mika Saito, Christopher Woodrow.
Producteurs associés : Hadie DeJesus.
Scénario : JT Mollner, Stephen King.
Directeur de la photographie : Jo Willems.
Direction artistique : Kathy McCoy.
Chef décorateur : Nicolas Lepage.
Décorateur plateau : Scott Rossell.
Effets spéciaux (sociétés) : Distillery VFX.
Montage : Peggy Eghbalian, Mark Yoshikawa.
Musique : Jeremiah Fraites.
Casting : Rich Delia.
Costumes : NC.
Maquillage : Doug Morrow.
Interprètes : Cooper Hoffman (Raymond Garraty #47), David Jonsson (Peter McVries #23), Garrett Wareing (Stebbins #38), Tut Nyuot (Arthur Baker #6), Charlie Plummer (Gary Barkovitch #5), Ben Wang (Hank Olson #46), Jordan Gonzalez (Richard Harkness #49), Joshua Odjick (Collie Parker #48), Mark Hamill (Le Major), Roman Griffin Davis (Curley #7), Judy Greer (Ginnie Garraty), Josh Hamilton (Mr. William Garraty), Noah de Mel (Ewing #1), Daymon Wrightly (Rank #19), Jack Giffin (Ronald #45), Thamela Mpumlwana (Pearson #8), Keenan Lehmann(Larson #14), Dale Neri (Percy Grimes #31), Teagan Stark (Patrick Smith #4), Sam Clark (Tressler #24), Emmanuel Oderemi (Zuck #50)...
Date de sortie française : 1er Octobre 2025.
Date de sortie US : 12 Septembre 2025.
Budget estimé : 20M$.
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
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