APEX (2021)

Quand Zaroff rencontre le DTV

Lointainement inspiré du classique Les Chasses du comte Zaroff (1932), Apex tente de revisiter le thème de l’homme traqué pour le simple plaisir de riches psychopathes. Sauf qu’ici, l’île sauvage se réduit à un bout de forêt canadienne vide, et la traque vire vite à la promenade dominicale. Willis le traqué aura même le temps de déguster des mûres hallucinogènes en chemin, facile puisque les chasseurs se dézinguent entre eux ! Le potentiel de tension et de suspense reste inexploité : le décor ne vit jamais, les scènes d’action manquent de nerf, et les personnages semblent figés dans un stand de tir en slow motion !

Visiblement en manque d'inspiration, le réalisateur Edward Drake, responsable de plusieurs collaborations dispensables avec Bruce Willis (Cosmic Sin, Gasoline Alley, American Siege), poursuit sa série de Direct To Vidéo où la star, affaiblie par la maladie et qui mettra fin à sa carrière deux ans plus tard, apparaît quelques minutes à l’écran, le regard perdu, récitant ses répliques comme sous pilote automatique. Une présence fantomatique, tragique même, quand on pense au charisme d’autrefois de l'acteur. 

Face à lui, Neal McDonough s’en donne à cœur joie dans le rôle du chasseur mégalomane, cabotinant à chaque ligne comme s’il voulait réveiller le film à lui tout seul. Le reste du casting ne fait guère mieux : ça surjoue, ça hurle, ça s’agite, mais rien ne prend vie. La mise en scène, désespérément statique, enchaîne les plans fixes et les dialogues d’exposition sans jamais exploiter le concept de survie ni le décor insulaire.

À vouloir rejouer Zaroff sans passion, Drake signe un film sans proie ni prédateur, sans tension ni enjeu. Apex aurait pu être une parabole sur la décadence du divertissement — il devient surtout le triste symbole d’un cinéma en roue libre, tourné à la va-vite, où même la légende Willis semble vouloir s’éclipser en silence.

Le jeu le plus dangereux

Apex est très librement inspiré de la nouvelle "The Most Dangerous Game" de Richard Conwel, publiée pour la première fois en 1924. Dans cette nouvelle, le chasseur de gros gibier Sanger Rainsford devient la proie après être tombé d'un bateau et avoir nagé jusqu'à une île, où il est traqué par le général Zaroff. Le film a été tourné en l'espace de 8 jours en août 2020 à Victoria, en Colombie britannique (Canada).

Les blessures de Malone

Lorsque les chasseurs évoquent Malone en indiquant les nombreux accidents auxquels Malone a survécu, ils citent notamment un déraillement de train dont Malone serait le seul rescapé — une allusion directe au film Incassable (2000) de M. Night Shyamalan.

Ils mentionnent aussi une blessure par balle reçue dans le dos à l’aéroport, rappelant le sort du personnage de Bruce Willis, Cole, dans L’Armée des douze singes (1995) de Terry Gilliam, abattu de la même manière.

Enfin, parmi les blessures énumérées figure une fracture de la colonne vertébrale consécutive à une chute d’un immeuble, un clin d’œil évident à Piège de cristal (1988) de John McTiernan, où John McClane incarné par Willis saute d’un gratte-ciel en s’accrochant à une lance à incendie.

Apex (id.), 2021, Edward Drake, Etats-Unis/Canada.

Autres titres : Apex Predator.

Son : Dolby Audio 5.1. Format d'image : 2.39.

Réalisateur : . Durée : 1h33 (Cinema) / 1h29.

Productions : 308 Ent, en association avec BondIt Media Capital, Head Gear Films, Kreo Films FZ, Metrol Technology.

Distribution France : AB Video.

Producteurs : Corey Large, Sean Patrick O'Reilly

Producteur délégué : John P. Alviz, 

Producteur exécutifs : Brandt Andersen, Sophia Arrone, Grady Craig, Edward Drake, Stephen J. Eads, Matthew Helderman, Phil Hunt, Brian O'Shea, Compton Ross, Luke Taylor, Mark Ward.

Producteur associé : Tom Harberd.

Producteur superviseur : Amy Fox, Ingo Lou.

Scénario : Corey Large, Edward Drake.

Directeur de la photographie : Wai Sun Cheng.

Direction artistique : NC.

Chef décorateur : Frederica Hodgkinson, Duncan Star-Boszko.

Décorateur plateau : NC.

Effets spéciaux (sociétés) : MOD VFX.

Montage : Justin Williams.

Casting : Chadwick Struck.

Musique : Hugh Wielenga.

Costumes : Nataliya Fedulova.

Interprètes : Neal McDonough (Rainsford), Bruce Willis (Malone), Corey Large (Carrion), Alexia Fast (West), Lochlyn Munro (Lyle), Nels Lennarson (Bishop), Megan Peta Hill (Jeza), Trevor Gretzky (Ecka), Clem Duranseaud (Bliss), Everly Large (Ellie), Brooke Baker (Clara), London Jane McDonough (Adelaide), Elliott Montello (Judas Jayden)…

Date de sortie française : 12 Novembre 2021 (internet).

Date de sortie USA : 12 Novembre 2021.

Budget estimé : NC.

Edition Blu-Ray 23/02/2022