Deux étudiantes en sciences occultes sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandessa, personnage historique suspecté de vampirisme. Égarées en pleine campagne, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu.
    
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Le film au un million d'entrées en Espagne lors de sa sortie en période franquiste et qui lança définitivement le fantaterror...
- Imparfait et baroque, du bis à l'état pur !
    
Une étudiante en sciences occultes libère malencontreusement une comtesse vampire et sa suite de créatures nocturnes. Waldemar Daninsky, le loup-garou tragique incarné par Paul Naschy, se retrouve une nouvelle fois enchaîné à sa malédiction, partagé entre bestialité meurtrière et quête de rédemption. La confrontation devient inévitable, jusqu’au sacrifice final où l’amour s’invite comme ultime salut.
Si le budget de La Noche de Walpurgis est modeste, León Klimovsky et Paul Naschy parviennent à en tirer une étonnante efficacité. Les maquillages du loup-garou, réussis malgré la technique vieillissante de la surimpression par fondu enchaîné, confèrent au monstre une vraie présence. Les décors sont réduits à deux lieux principaux – le monastère en ruine et la maison de Daninsky – mais leur atmosphère gothique suffit à installer un cadre propice au cauchemar.
Dans plusieurs scènes, l’érotisme s’affiche sans détour : lors des attaques nocturnes où les "vampirettes" dévoilent leurs poitrines dans une atmosphère à la fois sensuelle et macabre. Ces images, filmées en ralentis brumeux, renforcent l’aspect transgressif du film pour l’époque, mélange de nudité crue et de gothique crépusculaire qui confère à La Noche de Walpurgis une aura sulfureuse qui a largement contribué à son statut culte et à son succès dans les salles ibériques à sa sortie.
On retrouve aussi les obsessions de Naschy : la culpabilité du monstre, condamné à tuer malgré lui, et l’idée récurrente d’un amour rédempteur. Le film se veut également un hommage aux crossovers de monstres des années 40 signés Universal, réunissant vampire et loup-garou dans un même film fantastique. Clin d’œil involontaire ou nécessité financière, les bouteilles de whisky J&B et de Ricard parsèment l'image, preuve d’un sponsoring discret et d’une volonté de situer l’action dans un "Nord de la France" aux paysages un peu trop arides ! Tout n’est pas donc parfait : la musique pop du générique tranche maladroitement avec l’ambiance gothique, et l’ensemble, kitsch par endroits, peut prêter à sourire. Mais replacé dans le contexte de l’Espagne franquiste, où la censure imposait des coupes et obligeait à tourner différentes versions pour l’export, le film témoigne d’une vraie audace. Et surtout, Paul Naschy livre ici une interprétation habitée qui pose définitivement Waldemar Daninsky comme figure tragique et incontournable du Fantaterror espagnol.
Deux médecins légistes, Hartwig (Julio Peña) et Muller (Barta Barri), pratiquent une autopsie sur le corps de Waldemar Daninsky et en extraient une surprenante balle d'argent. Après l'avoir retirée, le corps revient à la vie, tue les médecins légistes et révèle ainsi sa malédiction de loup-garou.
Deux jeunes étudiantes, Elvira (Gaby Fuchs) et son amie Geneviève Bennett (Barbara Capell), passionnées de magie noire et de superstition -et de lingerie en dentelle-, partent à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa Darvula de Nadasdy, meurtrière médiévale et possible vampire. Elles trouvent un emplacement possible près du château du comte Waldemar Daninsky (Patty Shepard) qui, informé des recherches des jeunes femmes, les invite à rester aussi longtemps qu'elles le souhaitent. Lorsque les deux jeunes femmes, accompagnées de Daninsky, localisent le tombeau de la comtesse près des ruines d'une abbaye, Elvira la réanime accidentellement.
Le loup-garou de Madrid
Waldemar Daninsky est un personnage de loup-garou inventé par Paul Naschy à la fin des années 1960 pour le scénario de La Marque du Loup-Garou. À l’origine, le rôle avait été proposé à Lon Chaney Jr., célèbre pour avoir incarné le loup-garou dans les classiques Universal des années 1940, mais son âge avancé et ses problèmes de santé l’empêchèrent d'accepter le rôle et Naschy endossa finalement le rôle. La censure espagnole interdisant alors un tel sujet en Espagne, l’origine du personnage dut être modifiée : il ne pouvait plus être un Asturien nommé José Huidobro, comme prévu initialement.
Le film connu un grand succès en Espagne avec plus d'un millions d'entrées, est lança le cinéma fantastique et d'horreur espagnol des années 70 : un genre qui sera appelé fantaterror.
Par la suite, Naschy incarnera Waldemar Daninsky dans onze autres films, consolidant son statut de figure culte du cinéma d’horreur espagnol.
Les onze vies de Waldemar Daninsky
Onze films ont été tournés avec le personnage de Waldemar Daninsky créé par Paul Naschy : le tout premier est Les Vampires du Dr.Dracula/La marca del hombre lobo (1968), de Enrique López Eguiluz, suivi du mystérieux Les Nuits du loup-garou/Las noches del hombre lobo (1968), de René Govar. Ce film franco-espagnol est officiellement inachevé et considéré comme perdu, il aurait disparu après la mort accidentelle de son réalisateur René Govar, qui détenait, selon certaines versions, l’unique copie. D’autres affirment que le film aurait été abandonné en laboratoire, puis confisqué ou détruit faute de paiement. Pourtant, l’existence même de ce long-métrage reste controversée : hormis les déclarations de Naschy, aucune preuve tangible ne confirme l’identité de Govar ni la participation des acteurs mentionnés, à l’exception de Naschy lui-même et de Beba Novak !
Dans Dracula contre Frankenstein/Los monstruos del terror (1970), de Tulio Demicheli, des extraterrestres infiltrés sous couvert d’un cirque ressuscitent des monstres légendaires — vampire, momie, créature de Frankenstein et loup-garou Waldemar Daninsky — pour conquérir la Terre, mais l’inspecteur Tobermann s’oppose à eux, tandis que Daninsky finit par se retourner contre ses alliés après avoir retrouvé une part d’humanité... avec dans les rôle principaux, l'américain Michael Rennie, figure emblématique du film Le Jour où la Terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still) de Robert Wise dans le rôle de l'extra-terrestre Klaatu accompagné de l'actrice allemande Karin Dor, égérie du réalisateur Harald Rein (L'Invisible docteur Mabuse en 1962, la série Winnetou, Le Vampire et le Sang des vierges en 1968)...
Le quatrième film sera donc La noche de Walpurgis/La Furie des vampires (1971), de León Klimovsky, puis suivront : La furia del hombre lobo (1972), de José María Zabalza, Dr. Jekyll y el Hombre Lobo (1972), à nouveau de León Klimovsky.
El retorno de Walpurgis (1973), de Carlos Aured, sort une première fois en France sous le titre L'Empreinte de Dracula, bien que le fameux comte n'apparaît jamais dans le film, le film sera ensuite exploité sous les titres Le Retour des loups-garous et La Malédiction du diable.
Avec Dans les griffes du loup-garou/La maldición de la bestia (1975), de Miguel Iglesias, Paul Naschy reçu le prix du meilleur acteur au Festival du film fantastique de Sitges en 1975. Le film sortira deux ans plus tard en France le 9 Février 1997.
Début des années 80, suivent : L'Empreinte de Dracula/El retorno del hombre lobo (1981), La bestia y la espada mágica (1983) El aullido del Diablo (1988), tournés tous les trois par Paul Naschy, Licántropo: el asesino de la luna llena (1996), de Francisco Rodríguez Gordillo et le tardif Tomb of the Werewolf (2004), de Fred Olen Ray, film américain sorti directement en vidéo.
Fantaterror
Dans les années 60-70, alors que la Hammer faisait trembler l’Angleterre et que l’Italie se noyait dans ses gialli sanglants, l’Espagne inventait son propre genre : le Fantaterror. Un terme un peuy fourre-tout qui recouvrait toutes les productions fantastiques et horrifiques ibériques de l’époque, entre vampires lubriques, loups-garous maudits et nonnes possédées. Longtemps méprisé par la critique locale, ce cinéma a pourtant révélé des figures devenues cultes comme Jesús Franco, Paul Naschy, Ibáñez Serrador ou Amando de Ossorio avec ses fameux templiers zombies
Coproductions bricolées pour l’international, tournages en anglais ou en français, influences directes de la Hammer mais aussi du giallo italien, avec une pincée de sexe et de violence pour titiller les marchés étrangers avec une version “soft” pour éviter la censure franquiste. Résultat : un cocktail gothique, baroque et souvent kitsch, mais furieusement singulier.
Le Fantaterror, c’est la réponse espagnole au cinéma d’horreur européen, une esthétique stylisée à mille lieues du naturalisme local.
Le genre renaît ensuite dans les années 90 grâce à Álex de la Iglesia (Action Mutante, Le Jour de la Bête) et surtout Alejandro Amenábar (Thesis, 1996), marquant l’avènement d’un néo-fantaterror reconnu par la critique. Les années 2000 confirment cet essor avec le succès mondiaux de films comme Les Autres (2001) d'Alejandro Amenábar, Rec (2007) de Jaume Balagueró et Paco Plaza.
Voici trois moments clés du film La furie des vampires (attention spoilers), le minutage est celui de la version longue :
    
    
© Tous droits réservés. Rimini Editions.
    
    
    La Furie des vampires (La noche de Walpurgis), León
    Klimovsky, 1971, Espagne/Allemagne de l'Ouest.
Autres titres : The Werewolf Versus the Vampire Woman (Australie/Canada/), A vámpírok éjjele (La nuit des vampires/Hongrie), Le messe nere della contessa Dracula (Italie), Walpurgis Night: Wolf vs. Vampire (Japon),
Wilkołak kontra wampirzyca (Loup-Garou contre vampire, Pologne), Тень оборотня (L'ombre du loup-garou, Russie),
Vampirlerin gecesi (La nuit des vampires, Turquie), Blood Moon (USA).
Son : Mono. Format d'image : 1.85 Couleurs (Technicolor).
Réalisateur : León Klimovsky. Durées : 1h26, 1h25min (Espagne, 1h22 (USA), 1h27 (Allemagne de l'est), 1h35min (version restaurée), 1h31 (version édition Blu-ray Rimini).
Productions : Plata Films S.A., HIFI Stereo 70 Kg.
Distribution France : NC.
Producteurs : Salvadore Romero.
Scénario : Paul Naschy, Hans Munkel.
Effets spéciaux (sociétés) : Molina Efectos Especiales (Juan Díaz, Antonio Molina).
Directeur de la photographie : Leopoldo Villaseñor.
Montage : Antonio Gimeno.
Chef décorateur : Antonio Del Toro
Direction artistique : Ludwig Orny.
Décorateur plateau : NC.
Musique : Antón García Abril.
Maquillages : José Luis Morales.
Costumes : Mercedes de Segovia.
Casting : NC.
Interprètes : Paul Naschy (Waldemar Daninsky), Gaby Fuchs (Elvira), Barbara Capell (Andrés Resino), Andrés Resino (Inspecteur Marcel), Yelena Samarina (Elizabeth Daninsky), José Marco(Pierre), Betsabé Ruiz.(La fille de Pierre), Barta Barri (Mullery), Luis Gaspar (L'homme désemparé), Ruperto Ares (Le maire), María Luisa Tovar (La première victime), Julio Peña (Dr. Hartwig), Patty Shepard (La Comtesse Wandesa Dárvula de Nadasdy)…
Date de sortie française : 22 Mars 1973.
Date de sortie Espagne : 17 Mai 1971.
Date de l'édition Blu-Ray/DVD :
Budget estimé : NC.
Recettes mondiales : NC.
    
    
Rimini Editions propose une édition unique mais complète du film La furie des vampires dans un magnifique Boîtier Digipack 3 volets avec étui tout de beige et rouge vêtu avec 3 galettes à l'intérieur, un design dans la continuité de la collection Angoisse de l'éditeur.
Le film n'avait l'objet que d'une seule édition minimaliste en avril 2006 Chez Seven 7.
    Les images de cette nouvelle édition sont tirées de la pellicule 35 mm avec quelques poussières en haut d'image sur peu de scènes et scories imperceptibles mais la restitution sur
    le support Blu-Ray testé reste bluffante et parfaite.
    Coté audio, deux pistes sont présentes en VF mono 2.0. suffisamment prégnante et la version originale en espagnol également en 2.0. sous-titrée en français, ;-) celle que j'ai
    visionné.
Le boîtier contient :
- le Blu-ray du film en version longue (94'30", VOST) et version courte (87’, VF/VOST)
- le DVD du film en version cinéma (83’24", VF/VOST)
- le DVD du film en version longue (90’43", VOST)
- 😊le livret « Paul Naschy, grandeur et misère d’un loup-garou » écrit par Marc Toullec (24 pages) qui développe la filmographie de l'acteur Paul Naschy, en particulier de la série Waldemar Daninsky avec de nombreuses photos des films.
© Tous droits réservés. Rimini Editions.
Un seul bonus sur le Blu-ray et sur le DVD version longue cinéma mais qualitatif et nécessairement complémentaire pour comprendre le contexte historique lors de sa sortie.
- 😊El Hombre Lobo : Le cas Waldemar Daninsky . Un documentaire par Alexandre Jousse, avec des interviews de Paul Naschy (de son vrai nom Jacinto Molina Alvarez)et de Laurent Aknin, critique historien du cinéma (2025, 36’36”).
Laurent Aknin a collaboré à de nombreuses revues spécialisées comme L’Avant-scène cinéma. il a publié divers ouvrages sur le cinéma comme Cinéma Bis, 50 ans de cinéma de quartier, Les Classiques du Cinéma Bis, Le Péplum, Sir Christopher Lee, Mythes et idéologie du cinéma américain, Star Wars une saga un mythe, Esotérisme et cinéma...
L'interview de Laurent Aknin datée de Novembre 2023 est entrecoupée d'un interview de Paul Naschy (2003). L'acteur explique les films qui l'ont marqué dans son enfance et la genèse de son personnage fétiche du loup-garou. Laurent Aknin développe et commente la série des films de l'acteur dans la veine horrifique.
© Tous droits réservés. Rimini Editions/Mirage Productions
    
    
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
    
    
Chers visiteurs, chères visiteuses…
Nous avons créé ce site avec passion pour vous offrir des informations sur les films 🤖 fantastiques et de 🛸 science-fiction.
Pour nous aider à faire vivre SFStory, tous vos achats par l'intermédiaire des liens images ci-dessous, nous permettrons de boire quelques 🍺bières mais nous aiderons surtout à développer le site pour continuer à répondre à vos attentes.
Un grand merci d'avance pour votre soutien !
Rechercher sur SFStory :
SFSTORY - Cent ans de cinéma de science-fiction
Toutes les photographies et jaquettes de ce site web sont protégées par les lois sur le copyright. Tous documents visuels de ce site sauf mentions particulières sont la propriété des auteurs ou des studios de cinéma respectifs. Vous n'êtes autorisés à télécharger et à imprimer tous les documents visuels que pour une utilisation dans le cadre privé. Pour les jaquettes (covers), uniquement dans le cadre d'un remplacement d'un original perdu ou détérioré. L'éditeur de ce site ainsi que son hébergeur ne sauraient être tenus pour responsable d'une utilisation autre que celle prévue dans cette mise en garde.
Les textes du site sauf mentions particulières du nom de l'auteur de certains articles ou critiques sont la propriété du sitemestre.
Les liens externes pour des sociétés ou des sites à caractères commerciaux ne sont là que pour vous informer de la possibilité de visionner les livres, films ou séries TV nommés. SF-Story ne peut être tenu responsable des transactions effectuées à partir de ces liens. Vous devez accepter ces conditions pour accéder au site.
SF Story n'a qu'un seul but : vous faire apprécier le cinéma de science-fiction!