Deux policiers new-yorkais, Shepard et Powell, travaillent sur une étrange affaire de meurtre rituel aztèque. Pendant ce temps, quelque chose d'énorme attaque les habitants et seul Jimmy Quinn, un petit escroc, sait où se trouve son repaire...
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Un film utilisant le procédé de stop-motion et l'interprétation magistrale de Michael Moriraty qui crève l'écran
- Scénario et montage un peu confus!
Epouvante sur New-York (Q en version originale) est le dixième long métrage de Larry Cohen, le père de la célèbre série Les Envahisseurs (1967-1968), Viré d'un tournage de film à New-York, le réalisateur rebondit rapidement sur un nouveau projet avec cette histoire de monstre ailé semant la terreur dans la ville à la suite d'une série de meurtres en série. Il s'entoure de vedettes du moment : David Carradine, Richard Roundtree et surtout Michael Moriarty qui livre une prestation exceptionnelle digne d'un Jack Nicholson dans Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975) ou plus récemment de la partition de Joaquin Phoenix dans Joker (2019). Une série B assumée à la production quasi-artisanale qui aurait mérité un scénario moins confus surtout sans cette pseudo enquête parallèle avec les meurtres sacrificiels qui jalonnent le film mais qui finalement détournent la tension dramatique qu'aurait du inspirer à lui seul le serpent volant. Le stop-motion utilisé pour la créature peut sembler désuet aujourd'hui mais il ravira les fans de Willis O'Brien (Le Monde Perdu en 1925 et de King-Kong en 1933). Le procédé n'est finalement exploitée que sur de brèves séquences particulièrement réussies. Un bon film de monstres avec Michael Moriarty presque plus impressionnant que le serpent ailé !
Production express
La préproduction du film n'aura duré qu'une semaine : entièrement conçue juste après que Larry Cohen ait été renvoyé de la production du film à gros budget et tourné à New York J'aurai ta peau (1982), finalement réalisé par Richard T.Heffron. Bien déterminé à ne pas gaspiller la chambre d'hôtel qu'il avait payée, le réalisateur et scénariste a engagé les acteurs et préparé un scénario en six jours. Il déclarait à ce propos « On peut dire que j'ai été viré. Plutôt que de quitter la ville, je me suis rapidement lancé dans un nouveau projet. Les deux films se sont retrouvés à faire une sortie quasi simultanée l'un de l'autre, et c'est Q qui l'a emporté au box-office."
Une production quasi-artisanale
Autre preuve de l'urgence de tournage ; dans la scène où des gens tirent à la mitrailleuse sur la bête depuis le sommet du gratte-ciel, les balles éjectées sont tombées quatre-vingts étages plus bas dans les rues, mais heureusement rattrapés par un auvent installé pour éviter les chutes de débris de construction. Le réalisateur Larry Cohen s'attendait et espérait obtenir ainsi des images de personnes réelles réagissant en état de choc aux tirs, mais les civils dans la rue ont à peine jeté un coup d'œil à l'agitation. Cela n'a pas empêché le New York Daily News de publier un article plus critique sur le mauvais comportement de la production. C'est ainsi que Cohen s'est vu signifier qu'il ne pouvait plus tirer de coups de feu à New-York pour le film.
Une émission de télévision avait même affirmé que le film avait été réalisé dans un esprit de guérilla, sans aucune autorisation, et que les sirènes de police étaient de véritables réponses à des tirs simulés !
Figurants improvisés
Les policiers du SWAT qui participent à la confrontation avec la créature au sommet de la magnifique tour Chrysler sont en fait des ouvriers qui effectuaient des réparations au moment du tournage. Le réalisateur Larry Cohen les a convaincus d'apporter leur aide, puis les a déguisés en policiers et leur a appris à utiliser les mitrailleuses à blanc. De toute évidence, cela s'est avéré utile car ils n'avaient pas le vertige et n'avaient pas peur de monter dans les nacelles fixés sur les côtés du bâtiment.
Un nid sur l'Empire State Building
L'affiche du film est un plagiat sans complexe de celle de King-Kong (1933), elle a été illustrée par le célèbre artiste de science-fiction et fantasy Boris Vallejo. Pourtant dans une interview, le scénariste et réalisateur Larry Cohen aurait regardé le Chrysler Building et s'est dit : «Ce serait l'endroit le plus cool pour faire un nid. » Cette simple pensée serait à l'origine de la création de ce film.
L'œuf géant et le nid n'ayant pu être installés au dernier étage du Chrysler Building, les scènes ont été tournées dans un ancien bâtiment de police désaffecté. Une fois le tournage terminé, l'équipe a tout enlevé, sauf le nid. Le réalisateur raconte alors :
« Près d'un an plus tard, un article faisait la une du New York Times décrivant l'activité intense des anthropologues venus en ville pour examiner le mystérieux nid trouvé dans l'ancien bâtiment abandonné de la police ! Je n'allais rien dire à ce sujet, je ne savais pas quelle pouvait être la responsabilité."
Dans la scène d'ouverture du film où un laveur de vitres de l'Empire State Building perd la tête à cause du monstre, cet ouvrier s'appelle William Pilch et était le véritable laveur de vitres de l'Empire State Building à l'époque du tournage du film!
En stop motion
Le titre original du film « Q » est l'abréviation de Quetzlcoatl, le dieu aztèque mi-reptile mi-oiseau. Les effets spéciaux du serpent volant ont été réalisés en stop-motion par Randall William Cook et David Allen. Ce dernier a travaillé sur les films Hurlements (1981), Willow (1988) et S.O.S. fantômes II (1989). Randall William Cook avait 31 ans à l'époque du tournage. Il est devenu depuis un artiste confirmé et un spécialiste des effets spéciaux. Il a notamment travaillé sur Ghostbusters, en tant que concepteur, sculpteur et animateur des « Terror Dogs » ; sur King Kong de Peter Jackson en 2005 en tant que réalisateur de la deuxième équipe. Il a reçu par trois fois l'oscar des meilleurs effets visuels pour la trilogie du Seigneur des anneaux.
Sans Bruce Willis
Bruce Willis, encore jeune, 27 ans au moment du film, voulait jouer le rôle de l'inspecteur Sheppard, interprété par David Carradine, mais il n'était pas un nom connu à l'époque sur lequel Larry Cohen pouvait compter pour être suffisamment accrocheur. Bruce Willis a retrouvé Larry plus tard, lorsque la série Clair de lune (1985) a été un succès.
Larry Cohen et David Carradine étaient de vieux amis avant le tournage du film, car ils avaient servi ensemble dans l'armée.
David Carradine
Cohen se remémorait dans une interview que la carrière de Carradine a commencé par un vedettariat immense dans la série télé star des années 1970 Kung Fu, jouant Kwai Chang Caine, un moine Shaolin qui parcourt l'ouest américain avant de s'enliser dans une série interminable de films de série B. L'acteur a même accepté de jouer le rôle de Shepard bien qu'il n'ait pas reçu de scénario à lire avant son premier jour de travail sur le film. Le réalisateur déclarait à son propos : « Il acceptait tous les rôles qu'on lui proposait, probablement parce qu'il avait besoin d'argent. IJe ne suis jamais allé chez David Carradine, et il a eu beaucoup de maisons différentes, sans qu'il y ait un avis affiché sur la porte par le fisc disant que la propriété avait été saisie pour des arriérés d'impôts ». Tout au long de sa vie, Carradine a été arrêté et poursuivi à multiples reprises pour diverses infractions, le plus souvent en lien avec la toxicomanie.
Le sacrifice humain volontaire du troisième acte est joué par Bruce Carradine, le frère de David Carradine,
La prestation de Michael Moriarty
La révélation du film est le jeu d'acteur de Michael Moriarty, en looser pathétique et dérangé, digne d'une composition du Joker ! L'acteur connu pour être très difficile à maîtriser sur les plateaux de tournage s'est très bien entendu avec le scénariste et réalisateur Larry Cohen.
Michael Moriarty a fait l'objet de multiples éloges de la part de du réalisateur, avec lequel il a retravaillé à quatre reprises dans The Stuff (1985), Les enfants de Salem (1987) / A Return to Salem's Lot, La Vengeance des monstres (1987) / It's Alive III : Island of the Alive et un épisode de la série Masters of Horror/ Les Maîtres de l'horreur (Saison 1 - Episode 11).
Influences
Le scénariste et réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho (dont le film de S-F Mickey 17 sortira début 2025) a été influencé par le film lors de la réalisation de The Host. Il a été enthousiasmé par l'idée de mêler l'humour à un film de monstres.
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Épouvante sur New-York (Q / Q: The Winged Serpent), Larry Cohen, 1982, Etats-Unis.
Son : Mono. Format d'image : 1.85
Réalisateur : Larry Cohen. Durée : 1h33.
Productions : Arkoff International, Larco Productions.
Distribution France : Canal+ (Version doublée pour la TV)
Producteur : Larry Cohen.
Producteurs exécutifs : Samuel Z. Arkoff, Dick Di Bona, Salah M. Hassanein (non-crédité), Dan Sandburg.
Producteur associé : Paul Kurta.
Scénario : Larry Cohen.
Effets spéciaux (sociétés) : Lost Arts.
Directeur de la photographie : Fred Murphy.
Montage : Armond Lebowitz.
Direction artistique :
Musique : Robert O. Ragland .
Casting : Michael A. Candela.
Interprètes : Michael Moriarty (Jimmy Quinn), Candy Clark (Joan), David Carradine (Shepard), Richard Roundtree (Powell), James Dixon (Lt. Murray), Malachy McCourt (le commissaire), Fred J. Scollay (Capt. Fletcher), Peter Hock (Det. Clifford), Ron Cey (Det. Hoberman), Mary Louise Weller (Mrs. Pauley), Bruce Carradine (La victime), John Capodice (Doyle), Tony Page (Webb), Larkin Ford (Le conservateur), Larry Pine (Le professeur), Eddie Jones (le veilleur), Shelly Desai (Kahsa), Lee Louis (Officier Banyon), Fred Morsell (le premier voleur), Ed Kovens (le second voleur), Richard Duggan (l'ouvrier du bâtiment), Jennifer Howard (la présentatrice), David Snell (l'avocat), Larry Silvestri (un policier), Perry Genovese (un policier), Gabriel Wohl (un policier), Nancy Stafford (la témoin), Bobbie Burns (un plaisancier)...
Date de sortie française : 8 Septembre 1982.
Date de sortie US : 29 octobre 1982.
Budget estimé : 1,2 M$.
Rimini Editions propose une superbe édition collector Digipack 3 volets limitée avec étui
Master HD incluant le Digibook 4K, le Blu-Ray et un livret de 24 pages intitulé "Un drôle d'oiseau" réalisé par Marc Toullec, journaliste spécialisé dans le fantastique et la S.F.
Le menu animé du Blu-Ray comporte une boucle de 1'29" des extraits du film. Le film partitionné en chapitres. Le film bénéficie d'une image de très grande qualité avec beaucoup de profondeurs dans les scènes sombres. La bande son française a beaucoup plus de relief que la V.O., les deux comportent bandes sons ont quelques imperfections, mentionnées en avant propos du menu du support, mais négligeables au visionnage.
Contenu de l'édition parue le 23 Aout 2024 :
- le Blu-ray du film (1h32’)
- le DVD du film (1h29’)
- le livret « Un drôle d’oiseau » écrit par Marc Toullec (24 pages) : une mine d'informations sur la production du film et les difficultés rencontrés par le réalisateur et scénariste Larry Cohen.
Les effets spéciaux réalisaés notamment par le futur superviseur des effets spéciaux du Seigneur des anneaux, Randall William Cook à l’œuvre sur Épouvante sur New York sont expliqués et documentés.
Les suppléments présents sur le Blu-Ray et le DVD :
- Commentaire audio de Larry Cohen (VOST), version originale sous-titrée français
- Epouvante sur New-York : Effets spéciaux et stop-motion par Jean-Manuel Costa, réalisateur français et spécialiste de la stop-motion (17’46”) ; excellent complément sur le stop-motion utilisé pour la créature ailée.
- Film-annonce (2'31")
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
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